S’entendre sur une définition du DL
- Il y a quelques années André Joyal a publié dans un ouvrage une définition Cf Le développement local au Québec, que Bernard Pecqueur a fait paraître dans un de ses ouvrages., et aussi Le développement économique local : vague de fond ou vaguelettes isolées ? [2]
- Dans cette encyclopédie virtuelle, vous trouverez aussi cette définition : « Le dévelopement local (DL) se rapporte aux diverses initiatives mises de l’avant, dans un cadre d’action partenariale, par les acteurs intéressés à l’amélioration des conditions de vie dans leur environnement immédiat. Les objectifs de la démarche adoptée sont à la fois économiques et sociaux. »
- Cf encore un bon récapitulatif des définitions du DL dans Observatoire en économie sociale, en développement régional et en organisation communautaire et ici ou là.
- Qu’en est-il aujourd’hui dans un contexte numérique acentré (cf ci-contre) ?
Apprentissage et ouverture d’esprit
- On a beaucoup appris au Québec, en France et dans d’autres pays sur les limites et les possibilités du DL à la faveur de l’expérience des quelques 20 dernières années. Des illusions ont disparu, de nouvelles possibilités apparaissent. Si le DL par définition doit être territorialisé, c.-à-d. se rapporter à une stratégie appliquée à l’échelon méso-économique (micro-régional), il doit aussi être globalisé, c.-à-d. ne pas se limiter à la dimension économique. Enfin, dans un contexte où les gouvernements centraux tendent, faute de moyens et d’imagination, à se départir de leurs responsabilités, le DL doit être conçu comme une démarche issue d’une interrelation entre le centre et la base en mettant en pratique le célèbre adage : « Aide-toi et le Centre t’aidera. » Mais que dire s’il y a pluricentralité ou si le acentré domine comme dans notre époque numérique ?
Rôle des expériences et des cas concrets
- Bien des propos sur le DL ou sur les terminologies associées sont déconnectés des réalités, des vécus et manquent de recul ou d’une diversité d’approches.
- À la lumière des expériences des dernières années, il importe de bien cerner : ce qui fonctionne et ce qui fonctionne moins bien ou pas du tout ?
- Le pragmatisme nous ayant toujours guidé sur le sujet, il semble utile d’apporter des éclairages nouveaux en faisant le point sur la littérature qui a jailli ces 20 dernières années. [3]
Territoires aux multiples composantes
- Faut-il parler de développement local et territorial. Ces dernières années, peut-être sous l’influence de membres du Centre de recherche en développement territorial (CRDT), André Joyal tend de plus en plus à parler et à écrire sur le développement territorial sur la base de sa conception du développement local telle que définie plus haut.
- Si les territoires resteront géographique, institutionnel, de projet, de marché, de sociabilité utilitaire, solidaire ou identitaire… le contexte numérique (réseaux et caractère acentré) élargit, pour Jacques Chatignoux, la donne en déstabilisant, voir en dépassant les questions d’échelle, de frontière, de centralité… En somme faire émerger des espaces discontinus vivants… où la proximité devient surtout proxilité, interactivité, intelligence (Cf ci-contre changement d’époque).
Respecter le rythme du temps
- Le numérique et la surabondance événementielle [4] voudraient nous faire croire que le temps s’est accéléré.
- Il faut sans doute pour retrouver le sens du DL et donner de la perspective au territoire faire l’éloge de la lenteur [5] et situer les horizons sur le très long terme.
- Pour autant, à la manoeuvre, peut-on manager, insuffler du DL par l’urgence, sans vision du territoire, de l’économie de proximité, des improbables en devenir ?
Quelle marge de manoeuvre
- … (dans un monde de plus en plus globalisé) reste-t-il aux populations locales désireuses de maîtriser autant que faire se peut leur destin ? C’est ce à quoi cherche à répondre toute démarche associée au DL.
Quel avenir le XXIe siècle réserve-t-il à des régions traditionnellement désignées comme étant des régions ressources, lorsque ces ressources viennent à disparaître ou à ne plus être utiles, dans un monde de plus en plus marqué par l’économie du savoir ?
Cette dernière peut-elle constituer une planche de salut pour ces régions, en prenant en compte le fait qu’en raison des nouvelles technologies de l’information et des communications, les distances ne comptent plus et qu’ainsi disparaît le sempiternel obstacle de l’isolement ?
Réussir le changement d’époque et l’apprentissage des adaptations
- Le monde numérique est acentré [6]. Il interpelle plus particulièrement les gouvernances [7], la sphère comme la gestion des biens communs, l’échelle d’action et la conduite des politiques publiques ou des entreprises, les systèmes d’échanges et ce qui fait création de valeur.
- Les « nouveaux » territoires numériques et l’arrivée massive des objets communicants [8] modifient déjà les échelles, sociabilités, localisation des activités [9], façons de penser et d’agir autour de projets davantage co-construits et créatifs. Les formes de proxilités conduisent probablement à davantage de segmentation concurrentielle / relationnelle dans les capacités de chaque territoire physique ou numérique. Idem pour la recomposition 4.0 des tissus et filières industriels ou de services [10]. Si la ressource - savoirs devient le fer de lance de notre époque…(dans un éventuel contexte de rareté), les capabilités des habitants comme leur énergie entrepreneuriale deviendront de plus en plus facteur de création de valeur et de moteur autour des enjeux croissance / décroissance.
- Les sociabilités numériques, dans un contexte d’accès au savoir et de paroles à foison occultant souvent les silences porteurs, débouchent sur des proximités ayant bien du mal à conjuguer quête d’identité et de reconnaissance avec engagement concret via des besaces de projets et prise de risque concomitante.
- Le vécu des projets vise certes des réponses à trouver aux désarrois des moins bien lotis, aux commodités du quotidien (éducation, consommation, logement, mobilité…), aux rebonds de croissance par l’innovation, aux choix de vie quitte à en changer complètement. Mais de plus en plus, les projets se veulent autant d’expériences utilisateurs… alliant insolite, créativité, déstabilisation, émotion, envie.
- Les mobilités physiques ou numériques sont envahies par une interactivité (bilatérale ou en groupe) de plus en plus poussée dans des innovations d’usages, s’appuyant sur des interfaces aisées, ludiques… mêlant geste et parole. Elles produisent de nouveaux langages, signes et symboles de reconnaissance contribuant à l’évaluation des formes nouvelles de création de valeur. Et pourtant elles restent encore plein d’inaccessibles.
- Les frontières s’estompent entre les secteurs marchands et non marchands, entre les systèmes monétaires et de financement (classiques, locaux, participatifs), entre rural et urbain, entre les générations (même si l’on décrypte les séniors, les Y, les Pigeons…), entre le aujourd’hui et la réalité augmentée donnant visibilité à demain ou restitution d’hier. Ceci par déplacement du curseur ou changement de paradigme sur ce qui fonde la (re)connaissance d’une valeur, d’un territoire, d’un réseau, d’une équipe, d’un espace informel… Politique et stratégie publique ou privée sont à repenser à l’aune de ces nouvelles réalités.
Retrouver le sens des mots
- En conservant développement local comme « l’acte de dérouler l’enveloppe »… dans la diversité des regards ; et non en se limitant aux entrées développement durable, créativité ou marketing territorial… [11].
- Le « toutes choses égales par ailleurs » est bien d’un autre siècle. Le renouveau du DL et la prise en compte du territorial diversifié tiennent probablement dans le fait de redonner la main à l’humain, aux initiatives concrètes et au partage de la valeur ?
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