1. Le territoire comme intégrateur de compétences (B.Guesnier/C.Lemaignan, 2006)
Il éveille, il rassemble des talents, il offre des ressources cognitives.
L’économie de la connaissance, c’est la reconnaissance de l’information et des compétences comme jouant un rôle croissant dans la production, quelle que soit l’activité considérée. Les territoires qui détiennent des gisements de connaissances suffisamment riches, et offrent les meilleures perspectives d’apprentissage et d’innovation, sont des lieux favorables à la multiplication des relations entre les acteurs économiques, politiques, sociaux, facilitant la production, la diffusion, la valorisation de la connaissance. Ainsi se construisent des territoires apprenants.
« Dés lors, le territoire n’est plus une surface délimitée, c’est un principe organisateur approprié, c’est une interaction, c’est une énergie au service d’une altérité déclinée, sous des modalités différentes, à la fois dans la proximité et dans le rapport au monde et aux autres » (JAMBES, 2001).
Ces territoires sont « des systèmes ouverts entre acteurs pour développer des connaissances et des compétences, pour innover, ce qui autorise un processus cumulatif de connaissances, permettant de faire face à la concurrence » (BOULIANNE ,2004). Ces systèmes sont composés de sous-ensembles :
|
Dès 1980, aux Etats-Unis, la part des activités d’information (éducation, recherche, communication médias, informatique) dépasse le tiers du PNB ; 37 % de la valeur ajoutée des entreprises est le fait d’entreprises fondées sur le savoir (informatique spatiale, pharmacie, télécoms, services financiers, services aux entreprises).
Dans l’OCDE, les investissements immatériels (IM) ont eu un taux de croissance plus rapide que celui des investissements matériels : ces derniers passent de 0.5% en 1929 à seulement 1.1% en 1990. Le budget R&D aux USA croît en 2003 de 13.8 % (et atteint 117 milliards de dollars).
C’est dans ces années que seront distingués des niveaux dans les ressources territoriales disponibles :
|
A partir de ces différents niveaux de ressources territoriales, se sont développés des types de dispositifs territoriaux favorisant la production et les échanges de connaissances, de l’amont à l’aval : « Technopoles », « Districts industriels », « Milieux Innovants » (CARLUER, LE GOFF,2002). Les auteurs vont plus loin, aujourd’hui, en parlant d’ « Espaces Serviciels »,sorte de centre technique, producteur de connaissances en réseau, ayant une inscription territoriale ; c’est un quasi technopôle informel, exclusivement informationnel, facilitant la mise en réseau des différents types d’informations attendues sur et hors marché (informations/connaissances, informations/données, informations/relations, connaissances tacites) ; c’est dans ces nouveaux espaces que se développe le « learning by commuting ».
C’est ainsi que progressivement les territoires apprenants se sont construits, développant quatre types de capital cognitif (BLONDEL ,2004) :
Capital cognitif
=> orienté selon différentes finalités : | Connaissance scientifique
Know why | Connaissance pure
Know what | Savoir-faire
Know how | Savoirs relationnels
Know who |
Apprentissage
=> défini selon les objectifs : | Learning by studying, learning by searching,
Collège invisible, Contrat entreprise Laboratoire ; | Learning by commuting ;
Réseau informel Salon professionnel ; | Learning by using, by interacting ;
Travail en équipe ; | Learning by networking ;
Groupe projet réseau |
Le territoire apprenant produit, diffuse, valorise les connaissances décrites ci-dessus : le savoir collectif est une construction sociale.
Mais les savoirs porteurs d’innovation sont stratégiques : ils sont coproduits au moment de leur utilisation ; les droits de propriété garantissent aux entreprises un profit exclusif des ressources investies dans ces savoirs nouveaux, protégés en arborescence.
Ainsi les savoirs souches, y compris scientifiques, peuvent être en quelque sorte encapsulés par l’entreprise, et les communautés nationale, internationale ne peuvent en jouir librement : la connaissance va à la connaissance (learning by interacting).
C’est le clivage entre ceux qui profitent des ressources cognitives et ceux qui sont évincés des réseaux.
Alors le territoire apparaît comme intégrateur de compétences : il éveille, il rassemble les compétences, il offre des ressources cognitives, selon trois approches ( RALLET, 2003) :
|
Ces stratégies, face à la saturation de la demande finale, incitent à l’innovation afin de créer de nouveaux produits (rajouter des fonctionnalités) ; face à l’intensification de la concurrence (qui érode la rentabilité), l’innovation dans des niches peut régénérer les rentes ; face au knowkedge management, il devient nécessaire de reconsidérer la chaîne des valeurs en fonction des savoirs mobilisés. Ceux-ci se recomposent en trois sous-divisions cognitives du travail (. MOATI,2003) :
Blocs de SAVOIRS | Blocs de COMPÉTENCES | Blocs de SAVOIRS |
Concevoir, dessiner, étudier le marketing, innover, créer des eco-produits | Produire, fabriquer selon des connaissances accessibles | Créer l’image, accélérer le commercial, développer la valeur immatérielle |
Relations avec la recherche, les ressources technologiques, | Relations avec les unités de fabrication (délocalisables ?) | Relations avec les points de ventes, les centres commerciaux, les marchés |
Les entreprises visent à se resserrer sur une spécialisation cognitive et à s’accrocher aux réseaux pour accéder à des informations stratégiques, à mettre en réseaux des compétences complémentaires pour les intégrer dans le produit final.
Par ailleurs, * si, au Moyen-Âge, le capital est la terre, * au XIXe siècle, le capital est industriel, * aujourd’hui le capital est cognitif , |
L’investissement dans l’intelligence s’accélère et la concentration capitaliste prend des allures de démesure (GAUDIN, L’YVONNET,2003). La crise de jeunesse de cette nouvelle civilisation, la crise de l’espèce humaine, posent cette révolution cognitive comme un ajustement entre trois piliers : la destruction créatrice (Shiva) doit se confronter à la protection de l’existant (Vishnou) sous le regard de Brahmâ (la conceptualisation, la révélation).
Cette civilisation cognitive voit les équipements en lignes téléphoniques, en Internet (10 % de la population mondiale dont 30 % en Europe, USA, Extrême-Orient) s’accroître. Le changement suppose une maîtrise des langues : 6700 langues utilisées dans le monde, mais par exemple, pour la langue française seulement 600 mots sont utilisés quotidiennement, 5000 mots sont utilisés par les romanciers, sur 500 000 mots du dictionnaire (en technologie, on compte 6 millions de références mots, en particulier dans l’armée !). Aussi, l’auteur préconise la reconquête des espaces communs, du vivre ensemble où chacun, dans son village, ancre son autonomie en partenariat, au sein de réseaux sociaux pour partager les connaissances. N’oublions pas que les Français sont organisés en plus de quatre millions et demi de centres de décisions (dont 2,8 millions d’entreprises, parmi lesquelles seulement 700 sont cotées en Bourse…), centres où solidarité et partage s’exercent quotidiennement.
Au plan européen, à la suite du Conseil Européen de Lisbonne 2000 ( BASLE M., RENAULT M., 2004), l’Europe veut favoriser la transition des activités industrielles vers une économie basée sur la connaissance afin d’améliorer productivité et compétitivité. Pour aboutir, la commission se donne des moyens (3 % du PIB de l’Europe) et des objectifs (appel d’offre « Régions de la Connaissance »), qui visent à :
|
Nos territoires européens feront ainsi converger les hommes et les femmes vers plus de cohésion sociale, à travers l’« e-Europe » ( MOREAU D., MICHEL J.P.,2001) ?
“A quand l’école virtuelle ?
De nouvelles formes d’enseignement s’opèrent aussi avec l’apprentissage en ligne (e-learning). Les vidéo-conférences permettent par exemple de faire un exposé d’une ville à une autre, d’un pays à un autre sans se déplacer. Les idées traversent les frontières avec de plus en plus d’ampleur. De plus, certains professeurs mettent à disposition des cours sur le web. Toutefois ils n’apportent rien de nouveau aux méthodes d’enseignements.
L’un des dispositifs le plus révolutionnaire est le portfolio numérique. C’est un système d’archivage de données de toutes sortes (son, vidéo, texte, image…) accumulées tout au long de sa vie et qui serait en ligne sur un site web personnel. Il peut être employé dans différents domaines comme par exemple au sein des entreprises où il peut constituer un CV enrichi. Mais il peut aussi servir dans l’enseignement et accompagner les élèves dans l’apprentissage.
Le portfolio numérique peut permettre de planifier certains objectifs à atteindre. Une transformation des méthodes d’apprentissage pourrait naître. Si on l’envisage comme un outil pour les enseignants, il pourrait permettre d’évaluer un étudiant sur ses connaissances, ses compétences.
Bientôt, Le téléphone portable pourrait être un outil de captation sonore et visuel permettant d’accumuler du savoir (témoignage, interview…). Ces données, transférées sur ordinateur grâce au bluetooth, alimenteront leur portfolio qui deviendra un véritable carnet de bord et un laisser passer pour l’avenir."
Lizzie Treu
2. Le territoire comme espace de Construction de projets collectifs
Comprendre les mutations et Conduire le changement dans nos territoires (lieu de convergence des acteurs/projets), suppose une transformation des attitudes individuelles et collectives, qui prend en compte les apprentissages cognitifs (le Penser), les apprentissages comportementaux (le Croire, l’envie, l’émotion), les apprentissages collectifs (l’Agir). Le tableau ci-après résume l’essentiel de la démarche d’ingénierie des pratiques collectives,
- à travers quatre approches : les processus qui s’enchaînent, le pilotage, le projet territoriale proprement dit, la pertinences des outils et méthodes utilisés ;
- selon les quatre étapes de construction collective du projet ;
Processus | Pilotage | Projet territorial (les fonctions) | Pertinence (les méthodes/outils) |
1. Mobiliser les compétences, faire se rencontrer les univers de Savoir ;
Mobiliser l’information et les financements ; | Groupe d’Experts scientifiques et de terrains :
des savoirs, des contenus ; | Partager l’expertise ;
Définir les attentes en matière d’évaluation ; Clarifier les représentations ; | Définir et comprendre les enjeux (le Possible) ;
Repérer les valeurs sous-jacentes ; |
2. Oser créer un mouvement pour changer (le mouvement peut être une rupture) ;
Développer une émotion, un questionnement ; | Groupe local : donner envie, élaborer le projet ; | Apprivoiser l’expertise (apprentissage cognitif) ;
Effectuer un diagnostic partagé (apprentissage comportemental), Elaborer un projet partagé (apprentissage collectif) | Analyser les bonnes pratiques ;
S’approprier les méthodes et outils de projet ; Analyser les incertitudes ; |
3. Articuler et enchaîner décision/action ;
Concrétiser ; | Groupe local élargi : construire le projet | Implications des acteurs et des institutions (apprentissage organisationnel)
Développer les capacités à organiser l’action ; | Préciser les Actions (le souhaitable) ; |
4. Transformer le mouvement sur le long terme ;
Réaliser . | Mobilisation citoyenne :
Médier le projet (intermédier). | Mutualiser, Capitaliser les avancées du processus. Industrialisation. | Mettre en place un dispositif organisationnel pérenne (le réalisable). |
Ces quatres etapes pour contruire un projet collectif, facilitent les apprentissages. Ainsi L’espace Mendes France,è travers son activité « Sciences Innovation et territoire » travaille en partenariat :
|
L’INTELLIGENCE CREATIVE La création, mot emprunté au latin création (procréation) est apparu vers 1220 (à peu pré simultanément qu’innovation, 1352) ; il était employé au sens religieux (la création divine) pour se laïciser au XIV° siècle pour devenir « l’action d’établir une chose pour la première fois ». La connaissance humaine sur la créativité a fait de grands bonds ces dernières années : nous résumons dans le tableau ci-après, les approches de Guy Aznar et de Graham Wallas décrivant des processus inductifs de la personne créative, complémentaires des processus déductifs du chercheur.
Les processus de détour (Guy Aznar)
Les étapes de la création (Graham Wallas) | L’imprégnation de la réalité actuelle | La divergence
La destruction | La convergence | L’évaluation |
La préparation | Cerner le problème
Intégrer les données du problème et ses contraintes | Projection dans l’imaginaire
Associations libres | ||
L’incubation | Décontextualiser
Décensurer Reformuler Parler par images | Décrocher
Penser autrement, s’éloigner, Casser le problème, Rendre familier l’insolite, rendre insolite le familier | Proposer une nouvelle forme
Croiser les items, les propositions, | |
L’illumination | L’imagination est la bienvenue,
Le regard naïf, l’œil neuf. . | Rêveries imaginaires,
Emergence d’un nouvel agencement | La solution surgit,
Des constructions imaginaires apparaissent avec les contraintes | La capacité à réaliser |
La vérification | Le discernement, la compréhension | L’adaptation à la réalité |
L’intégration des technologies dans l’éducation
A la lumière des projets réussis d’intégration des technologies en éducation que nous observons, celle-ci inclut l’implication de tous les acteurs dans le processus : administrateurs, personnel, enseignants, tuteurs, techniciens, étudiants, parents, fournisseurs… Il est difficile d’assimiler les technologies d’information et de communication dans une sphère - seulement pour les tâches administratives, seulement pour les tâches d’enseignement - et pas dans une autre. Il est beaucoup plus intéressant de construire une stratégie commune à tous les niveaux de fonctionnement de l’organisation - pédagogie, formats de livraison des cours, modes d’évaluation, de production ou d’administration. De cette manière, les changements occasionnés par la mise en réseau des personnes et des ressources appliquées au contexte de formation de l’école, l’université ou l’ entreprise sont partagés par tous et chacun avance dans la conduite du changement. Intégrer les technologies sans rien changer au dispositif éducatif actuel, "sans que ça dérange", reste superficiel car toute l’organisation se trouve remise en question par les pratiques de communication induites par les outils de messagerie instantanée, de transferts de fichiers, de communications mobiles en tous lieux en tous temps. Après la production de cours en ligne, après le développement de nouvelles pratiques pédagogiques, après l’accompagnement des usagers on en arrive aujourd’hui à l’accompagnement des organisations dans leur intégration des Tic. Les avantages mis en évidence : la simplification des tâches administratives, qui dégagera du temps pour les activités purement pédagogiques, l’interactivité, qui permettra de vérifier en direct la compréhension du cours par les étudiants. Les technologies peuvent fonctionner non seulement en entités autonomes mais également comme mutiplicateur social qui accroît nos capacités à nous connecter avec d’autres, échanger des idées, collaborer et former des communautés virtuelles. A étudier les usages et les pratiques sociales des utilisateurs de blogues, wikis, fils de nouvelles, le réseau devient apprentissage à travers les réseaux que l’on construit entre les personnes et les sources de contenu. Des usages émergent les façons d’enseigner et d’apprendre de demain." Martine Jaudeau - http://thot.cursus.edu
3.Le territoire réceptacle de La société de l’information et de la connaissance : la place des technologies de l’information et de la communication
La distinction entre société de l’information et société de la connaissance correspond à la différence entre système d’information et système à base de connaissance.
La société de la connaissance :
|
Dans ce cadre, la stratégie de Lisbonne désigne un axe majeur de la politique économique et de développement de l’Union européenne arrêtée au Conseil européen de Lisbonne en mars 2000.
Le conseil européen de Lisbonne a ainsi fixé un objectif stratégique visant à faire de l’Union européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ».
Wikipédia
3.1. L’Utopie de la communication, le mythe du « Village planétaire » Philippe Breton, La Découverte/Poche, novembre 2006, 172 pages (réédition de 1997).
Le pouvoir des médias, le quasi-monopole qu’elles exercent sur la circulation de l’information se sont affirmées de façon sans équivalent dans l’histoire humaine, nourrissant un lien social tout entier communiquant, liquidant les valeurs et la richesse intérieur de l’homme (qui cesse d’être dirigé de l’intérieur, comme dans l’humanisme classique),. L’inspirateur de « l’Homme nouveau » de la nouvelle Société , est Norbert Wiener, créateur de la cybernétique, science générale de la communication, qui resurgit aujourd’hui à travers les autoroutes de l’information, les cyberespaces…
- 3.1.1. L’ « Homo communicans » :
1942, c’est l’émergence de la cybernétique, constituées de réseaux, qui associent toutes les sciences médicales (neurophysiologie), sciences de l’ingénieur (téléphonie, électronique), puis les sciences politiques, enfin les sciences de l’information ; seuls quelques chercheurs des sciences humaines (Gregory Bateson : sa thèse portant sur la formation, la différenciation du lien social dans les communautés humaines), ne veulent pas participer .La cybernétique se veut alors la science du contrôle et des communications associées au terme de régulation/commande/maîtrise.
Ce qui compte ce sont les relations qu’entretiennent les phénomènes entre eux plus que ce qu’ils contiendraient. Ces relations sont constitutives du mode d’existence des phénomènes entre eux : l’intérieur n’existe pas, l’intériorité est un mythe (référence à S.Freud : « un récit qui relève au mieux de la métaphysique, au pis de l’illusion »).
La rétroaction sert à désigner la capacité d’un dispositif quelconque à recevoir et à émettre les informations nécessaires au maintien d’un équilibre donné (les inputs, message d’entrée et les outputs, messages de sortie sont les satellites notionnels essentiels.Dans ce cadre, il y a deux sortes de diables : l’imperfection, et le pervers malin qui sème le désordre et la confusion ;
Bref, « la Société peut-être comprise seulement à travers l’étude des messages et des facilités de transmission qui lui sont propres ». L’ordinateur devient ainsi une machine à communiquer : c’est l’avènement d’une Société de communication idéale qui développe un Homo Communicans être sans intériorité, sans corps, qui vit dans une Société sans secret, un être tout entier tourné vers le social qui n’existe qu’à travers l’information, l’échange dans une Société rendue « transparente » grâce aux nouvelles « machines à communiquer ».Cet homme nouveau, communiquant, n’agit pas comme l’homme classique (qui trouve son énergie à l’intérieur, voir dans l’inconscient), il réagit à une réaction qui vient de son environnement. Cette apologie de la pensée rationnelle associe cerveau humain et ordinateur, les processus mentaux sont réduits à un calcul , l’intelligence à la capacité de développer la communication à un certain niveau de complexité, n’est plus une qualité du sujet individuel : les lois de la pensée sont des lois générales, indépendantes de leur contexte de production humaine…Ceci se traduit aujourd’hui dans la psychologie cognitive où l’homme n’a plus d’identité propre depuis que l’on parle d’intelligence artificielle, mythe fondateur de notre modernité , sans ennemi humain ; le lien social fonctionne sur la base de la raison, du calcul, le jeu social devient un jeu à information complète.
- 3.1.2. Les barbaries contemporaines :
Cette utopie contribue au mécanisme d’exclusion, de déconstruction des valeurs et des ruptures du lien social à travers l’extermination, l’emploi de la bombe atomique, des barbaries contemporaines, dérives de différents idéaux,
P Breton cite :
- le marxisme : Société sans Etat où la classe ouvrière réalise enfin l’histoire ;
- les penseurs utopiques : suppression de l’Etat où les producteurs gèrent directement leurs affaires ;
- le libéralisme : Société purgée des maladies, de la faim, des criminels des vagabonds,Société dirigée par son futur ;
- le fascisme, le nazisme réagit à cette modernité qui menace de coups tout lien avec les traditions nationales et les racines ethniques ;
Ce sont toutes des utopies de purification, à la recherche du bonheur, une civilisation meilleure et la mise en œuvre d’une violence et d’une barbarie insoutenable. Le néo-individualisme, et les contraintes qu’il pourrait faire peser sur les consciences, n’est pas tout à fait sans rapport avec la montée actuelle de la Xénophobie : la recherche effrénée d’un contact virtuel et déréalisé, le refus voir le dégoût, de tout contact réel avec autrui. Celui-ci est renforcé par la progression d’un idéal de pureté qui semble concerner de plus en plus les comportements individuels, préoccupé de mettre l’autre à distance de se replier dans son monde.
- 3.1.3. La révolution numérique :
Faut-il se dégager de la Société de la communication, par la révolution informatique qui ouvre les autoroutes de l’information, le multimédia…,et, engager l’avènement de « l’homme numérique », changeant de nouvelles frontières électroniques ?
On se trouve alors face à :
- un antagonisme entre un individualisme exacerbé (fondement du libéralisme) et une société rendue de plus en plus collective du fait du recours généralisé à la communication et à ses techniques ;
- une contradiction entre l’importance croissante prise par les mémoires, les réseaux d’ordinateurs dans la concentration de l’information, et le système de valeurs professionnelles des milieux informatiques ;
- une ambiguïté entre la « bonne information » qui doit être traitée comme une marchandise (loi de la propriété privée), ou doit circuler librement pour avoir sa potentialité maximale , au bénéfice de tous ;
- un déplacement de la fonction de l’outil multimédia par rapport à ses finalités : il finit par fonctionner que pour lui-même, en absorbant l’essentiel des activités humaines. Communiquer pour communiquer c’est impulser une sociabilité vide. Dans ce sens une information arrive toujours à un seuil où elle est impuissante à rendre compte du sens de l’événement vécu, sans qu’une expérience de la situation ne la remplace.
- Un conflit entre l’image médiatique qui s’interpose entre les hommes, qui n’engage pas personnellement celui qu’elle représente, et ce lieu de l’individualisme profond , moi pour moi, ce lieu de l’incommutabilité.
Le seul fait de communiquer serait suffisant pour vivre harmonieusement en Société : « parlez, tout ira mieux », « l’épanouissement de soi », l’instantanéité du désir, sont autant d’injonctions de cette Société « fortement communicante (espace hyper public mondial externe) et faiblement rencontrante (espace hyper privé, Internet).
Cent Fenêtres sur Internet, Jean François Rouet. Atlantique, 2005, 230p.
- Nouvelle citoyenneté, nouvelles formes d’éducation, nouveaux rapports à l’emploi, au travail, aux administrations, nouvelle forme d’intelligence collective..sont les bienfaits attendus des technologies numériques dans les années 1990.
- en 1999, on dénombre 5,§ millions d’internautes en France, soit 11,9% de la population, dont la moitié sont connectées à internet à leur domicile ;
- en 2002, 38,7% des français sont équipés d’ordinateurs, 25ù sont connectés à internet ;
- en 2004 45% des français âgés de plus de 11 ans, s’étaient connectés à internet : 30% des foyers sont connectés à Internet, 50% au haut débit.
- en 2007 on annonce 29,7 millions d’internautes en France (Ipsos, qui identifie parmi eux 70% d’acheteurs par Internet)), et 1 milliards dans le monde (ministère des finances et de l’économie) ;
- La plupart des études reconnaissent à Internet deux grandes fonctions :
- communiquer avec autrui
- rechercher des informations
- Mais l’accès à l’information, à travers les sites Web ne va pas de soi et suppose que la personne soit capable d’identifier son besoin d’informations, de faire des choix pertinents dans le système, de traiter l’information trouvée pour déterminer si elle est pertinente.Evaluer, sélectionner, traiter l’information requiert un effort mental, une mémoire sollicitée . Celle-ci est formée d’images, ou représentations plus ou moins abstraite qui correspondent à des objets événements, acquis, émotions du monde qui nous entoure. Toute représentation sociale se compose d’un noyau central et d’une périphérie :
Ainsi, à partir d’une enquête comprenant une centaine de volontaires représentatifs de la population de Poitiers, suivis pendant deux ans dans leur pratique de l’Internet, on constate une évolution des représentations :
- un premier groupe : termes centraux : communication, information (20% à 50%) ;
- un deuxième groupe : plus périphérique : recherche, Web, mail (10% à 25%) ;
- un troisième groupe :plus spécifique : site, courrier, moteur de recherche ;
- un quatrième groupe : plus caractéristique : curiosité, découverte ;
- un cinquième groupe : avec plus de connotations : rapidité, connaissance ;
- Certains thèmes diminuent de fréquence, d’autres augmentent durant les deux ans de suivi : « virus » fait un bond de 17%, ainsi que « connaissance » qui progresse au fur et à mesure de l’expérience acquise (le temps de connexion tend à diminuer avec l’âge).
Les services les plus populaires en période de découverte sont les courriers électroniques, la recherche d’information,et selon certaines catégories :
- le téléchargement pour les jeunes ;
- les relations avec l’administration pour les 37-53 ans ;
- les informations locales pour tous les âges avec toutefois un pic de 84% pour le 54 ans et plus..lors de la 3e période d’enquête ;
- Loin de créer une nation d’étrangers, Internet est en train de créer une nation plus riche en amitiés et en relations sociales . Les personnes extraverties, tournées vers l’extérieur sont celles qui utilisent le moins Internet, les introvertis, plutôt solitaires et réfléchis ont un fort besoin de clôture, du fait de leur aversion à des situations d’incertitudes.
Enfin l’effet de l’âge altère progressivement l’efficience des mécanismes fondamentaux (capacité à récupérer son expérience) mais la mémoire à long terme semble illimitée dans sa capacité en enrichissement du capital de connaissance.
3.2. Réenchanter le monde Bernard Stiegler & Ars Industrialis, Flammarion septembre 2006, 175 pages.
- 3.2.1. Notre époque est menacée dans le monde entier par le fait que la vie de l’esprit…
a été entièrement soumise aux impératifs de l’économie de marché, et aux impératifs de retours sur investissement des entreprises : industries culturelles, industries de programmes, médias, télécommunications et enfin les technologies du savoir, ou technologies cognitives soit l’ensemble du secteur des technologies de l’esprit.
Celles-ci soumises aux seuls critères du marché systématise une massification des comportements de production et de consommation aux seuls intérêts financiers, et bloque l’accès à ces technologies pour tout autre finalité.
Ce contrôle détruit le désir des individus et des groupes. Cette menace contre le désir est une menace contre l’humanité toute entière. Bref le capitalisme est auto destructeur : alors que l’ « auteur » souhaite contribuer à l’invention de pratiques, de technologies de l’esprit qui reconstituent des objets de désir et des expériences de la singularité.
Patrick Lelay explique que comme producteur et vendeur de temps de cerveau disponible, il organise à un niveau de déchéance la baisse de la « valeur esprit », le désenchantement du monde, le règne de la « bêtise », …le projet consiste à créer les conditions d’une production industrielle de connaissances sans esprit, de produire du cerveau sans conscience. L’hypersollicitation de l’attention et des sens engendre perte d’attention et insensibilité tout comme la saturation automobile produit immobilité et paralysie…comme il y a des usines désaffectées, il y a des adolescents désaffectés, souffrant d’une saturation affective…engendrée par la guerre esthétique induite par le contrôle comportemental…soumis aux prescriptions du marketing…
- 3.2.2. Les industries de service …
transforment désormais les modes de vie à l’échelle planétaire, posent des problèmes spécifiques en ce qu’elles détruisent les circuits de transindividuation par lesquels les innovations techniques étaient jusqu’alors socialement appropriés.
Ce capitalisme de services que sont les technologies d’information et de communication comme technologies de contrôle, et non pas d’individuation, généralise un processus de prolétarisation, où les producteurs ont perdu leur savoir faire, tandis que les consommateurs ont perdu leur savoir vivre Est prolétarisé celui qui perd son savoir, le producteur prolétaire perd son savoir faire, passé dans la machine , il devient pur force de travail, le consommateur prolétaire perd son savoir vivre, devenu mode d’emploi, il n’est plus qu’un pouvoir d’achat.
Ne faut-il pas relire Karl Polanyi dans sa critique de l’origine du prolétariat : le phénomène de l’enclosure dans l’Angleterre du XVIIéme siècle (fermeture des champs cultivés par des agriculteurs pauvres, pour développer l’élevage des moutons pour les industries textiles (transformation de la laine) qui chasse ces paysans de leur région d’origine et les condamne à trouver un emploi en ville, dans une situation de désacculturation, obligés de rompre avec leur culture d’origine ;voilà la véritable origine du prolétariat ?Les pertes évoquées ci-dessus ne sont possibles que lors d’une désorganisation de la société, d’une acculturation des populations et non pas seulement par une confiscation virtuelle des savoir-faire et savoir vivre, ou alors il faut faire appel à la magie.
Il résulte de cet esprit asservi, c’est à dire de cet esprit servile qui sert la société de service, un mal être généralisé, le malaise dans la civilisation est devenu celui de la consommation ce qui ne peut conduire à terme à un refus généralisé de la transformation en cours.
Nous savons donc à la fois :
- qu’un changement n’est possible qu’à la condition d’élever le niveau d’intelligence ;
- que la régression mentale, l’avilissement moral qui l’accompagne, et l’anesthésie de l’intelligence et donc de la volonté qui traduit l’intelligence en acte, sont désormais ce qui gouverne le monde hyper industriel, et pour une large part, le discours de ceux qui prétendent aux fonctions gouvernementales, s’adaptent à cet état de fait au lieu de le combattre.
- 3.2.3 Réenchanter le monde,
C’est lutter contre la bêtise, rendre le monde désirable, rendre à la raison son sens premier de motif de vie, raison comme sens de l’existence (sens de l’orientation).
On ne décide jamais de la façon dont on vit : on reproduit les modes de vie, le processus d’individuation est essentiellement un processus d’adoption (d’idéologie, d’évangélisation, d’industries culturelles) .
Or le réenchantement du monde suppose de le faire sortir de l’époque de milieux dis-sociés :
* côté des consommateurs perte de savoir faire de savoir vivre, perte de savoir inventer sa propre vie ;
* côté producteur, le design, la recherche développement court-circuitent le temps des pratiques.
La dissociation est la destruction du social, c’est à dire de la sociation : réenchanter le monde, c’est le faire revenir dans un contexte de milieux as-sociés, et reconstituer l’individuation association et concours dialogique.
Exemples : les logiciels libres rendent possibles l’économie participative, ils mettent en œuvre un savoir qu’ils forment par ces pratiques mêmes ; l’économie participative doit venir remplacer l’économie de services devenue très néfaste de desindividuation.
Exemple : l’intelligence, et la connaissance qui en procède est comme fruit de l’esprit, l’une des productions de la libido : c’est le désir qui constitue l’énergie capitale ; c’est donc la motivation qui fait fonctionner le capitalisme, l’entrepreneur, le producteur, l’investisseur, le consommateur. La libido comme énergie ce qui nous constitue : épuiser la libido c’est nous épuiser, c’est épuiser ce qui constitue le lien social, le lien familiale, l’affectio sociétatis, les sociétés anonymes…
Le dynamisme social induit une transformation permanente des modes de vie, cette transformation est le résultat d’un processus d’individuation psychique et collective, ce en quoi consiste l’Humanité .
4. Le DESIR de SAVOIR : Entreprendre autrement
Le savoir est défini habituellement comme un ensemble de connaissances ou d’aptitudes reproductibles, acquises par l’étude ou l’expérience. En français, le terme de savoir a un sens qui ne coïncide pas exactement avec celui de connaissances alors que par exemple l’anglais utilise knowledge dans tous les cas. Ce décalage trouve d’ailleurs une origine très ancienne puisque le mot provient du latin sapere, verbe qui employé intransitivement indiquait une entité qui possédait une saveur. Il n’y avait donc alors pas de référence au moindre processus cognitif. Ce n’est qu’au Moyen Âge qu’émergea le sens actuel après avoir transité par une forme figurée désignant une personne en quelque sorte « informée ». À partir de cette époque, le fait de savoir fut considéré comme une attestation ou garantie de sagesse, association qu’on retrouve de nos jours sous la forme de la confusion traditionnelle entre le savoir et l’intelligence ; des oppositions telles que « tête bien pleine » et « tête bien faite » rappelant que les choses ne sont pas si simples. La psychologie cognitive distingue les savoirs des connaissances. Les savoirs sont des données, des concepts, des procédures ou des méthodes qui existent en dehors de tout sujet connaissant et qui sont généralement codifiés dans des ouvrages de référence, manuels, cahiers de procédures, encyclopédies, dictionnaires. Les connaissances, par contre, sont indissociables d’un sujet connaissant. Lorsqu’une personne intériorise un savoir en en prenant connaissance, précisément, elle transforme ce savoir en connaissance. Dans une perspective constructiviste, on dira qu’elle construit cette connaissance, qui lui appartient alors en propre car le même savoir construit par une autre personne ne sera jamais une copie conforme. Le savoir se distingue par divers traits d’un ensemble de connaissances en particulier par la dimension qualitative : l’acquisition d’un savoir véritable suppose un processus continu d’assimilation et d’organisation de connaissances par le sujet concerné, qui s’oppose à une simple accumulation et rétention hors de toute volonté d’application. Au niveau individuel le savoir intègre donc une valeur ajoutée en rapport avec l’expérience vécue et de multiples informations contextuelles. Chaque personne organise et élabore son savoir en fonction de ses intérêts et besoins ; la composante consciente et volontaire de cette élaboration s’appelle la métacognition. La plupart des « savoirs » individuels sont naturellement utiles à l’action, à sa performance, sa réussite : « Savoir, c’est pouvoir ! ». C’est aussi sur des mises en situation que reposent les meilleures évaluations du savoir alors que des tests basés sur la seule restitution d’informations ne garantissent pas sa qualité et par conséquent sa valeur. De même, le savoir se rend plus visible et pratique sous le nom de « savoir-faire », « savoir-vivre », etc. Les savoirs les plus intellectuels reposent sur l’appropriation ou création de concepts, en parallèle avec le développement des « savoirs scientifiques » ou de la philosophie. La notion de « savoir être », quant à elle, utilisée notamment dans le champ de la formation des adultes renvoie aux attitudes et comportements qu’un sujet met en œuvre pour s’adapter à un milieu. Wikipédia |
Le processus éducatif (Philippe Breton) n’est pas d’abord une affaire d’accès au savoir, mais bien plutôt une manière de poser la question, fondamentale, du Désir de Savoir qui doit animer l’élève, améliorer l’accès ne changera pas une virgule du désir de savoir. L’apprenant est soit doté par la nature, par l’environnement familial d’un tel désir, ou soit soutenu par un système éducatif attentionné pour le faire naître et l’entretenir.
Ainsi les entreprises qui sont allés le plus loin dans l’établissement de liaisons électroniques entre leurs implantations de par le monde indiquent que le bon fonctionnement de leur Société exige une augmentation (non une diminution) des contacts « in visu » (le front office) .
Enfin les dérives de la communication nous renvoient, en miroir, une des questions essentielles de notre temps, celle de la représentation de l’Homme et de la Société, de l’ére du « désenchantement » . car si l’homme est bien un être communicant structuré par cette pulsion de « sortir de lui », ce n’est pas pour autant que les débordements utopiques de la communication en fasse l’unique point de vue sur le monde.
Lorsque les Sumériens (B.Stiegler) inscrivaient les premiers hiéroglyphes sur les tablettes de cire, ils vivaient sans probablement la percevoir, une mutation décisive de l’humanité. L’apparition de l’écriture qui s’étend sur une très longue période : grammatisation, formalisation, échanges symboliques, stabilisation des dispositifs hypo mnésiques, notation scripturaire et littérale du langage, c’est à dire du milieu associé le plus relationnel et le plus commun.
Redéfinir les conditions dans lesquelles sont formès les nouveaux modes de vie et trans-formés les mode de vie existants, nouveaux modèles d’individuation ; Les êtres humains sont spontanément entreprenants : ex-sister, c’est à dire se projeter hors de soi, c’est déjà entreprendre, et apprendre , comprendre, parfois surprendre…Il arrive qu’il faille entreprendre de fonder l’entreprise humaine, c’est à dire l’individuation psychique et collective de fonder comme Thales, Solon (Grèce) cette IPC (individuation psychique et collective) à laquelle ils donnèrent le nom de Polis, que les Romains appelèrent ensuite civitas, c’est à dire un nouveau rapport entre le psychique et le collectif. L’enchantement, comme projection du désir, est la seule possibilité de transformer l’intérêt individuel en intérêt collectif.
La communauté humaine planétaire ne s’en sortira que si elle sait « se situer du côté de l’être » plutôt que de l’avoir (faire mieux avec moins) . La croissance qualitative, c’est la croissance qui ne repose pas sur le toujours plus mais toujours mieux, et qualitativement, avec moins , c’est à dire aussi par une meilleure redistribution, en particulier entre le Nord et le Sud » (Robert Lyon).
5. Les créatifs culturels en France, éditions Yves Michel 2007 (132 pages)
L’étude sur les créatifs culturels français s’inscrit dans le cadre de l’enquête sur les créatifs culturels en Europe lancée par le club de Budapest en 2003, à la suite de l’étude américaine de Paul H. Ray et Sherry Anderson, publiée à New York en 2000.
La pensée hégémonique en occident ne s’intéressait qu’à un seul moteur de production et de développement de la Société : l’association de la technologie et de l’économie (qui avait conquis une position prééminente), la culture se présentait comme un simple sous-produit du système technico-économique ; il en va de même de l’individualisme consumériste, des équilibres sociaux et environnementaux de la planète …
Aujourd’hui la culture est reconnue comme l’élément structurant fondamentalement toute société, comme condition d’existence d’une Société. Cet espoir de création d’une nouvelle société par la culture est sans doute la première raison des recherches sur les créatifs culturels.
Ainsi la montée de l’ « individualisme consommateur » est certes un repli égoïste au détriment de tout sentiment de solidarité avec autrui, mais n’exprime-t-il pas également la volonté de chaque individu de reconquête de son autonomie dans la construction de son identité, le recentrage sur l’être plus que sur le paraître et l’avoir, une méfiance à l’égard d’institutions agissant de l’extérieur sur son mode de pensée, la valorisation de solidarité de proximité, la construction d’une société multiculturelle, le souci d’un vivre ensemble plus harmonieux de la paix ?
Des transformations majeurs à l’œuvre dans la société française sont sans doute le fait des créatifs culturels :
|
Les créatifs culturels se distinguent par une sensibilité concomitante aux six dimensions ci-dessus évoquées : ils représentent 17% de la population française composées également de 21% d’alter créatifs (proches des premiers, sans cette quête spirituelle), de 23% de protectionnistes inquiets, 20% de conservateurs modernes, 18% de détachés sceptiques. Ils sont plutôt jeunes (entre 19 et 49 ans), constitués de 64% de femmes (50% en moyenne nationale), vivent en foyer avec enfants(70% d’entre eux contre 61% population France), connaissent une forte proportion d’universitaires (30% contre 21% population France), et sont plus nombreux à vivre en région Parisienne et dans l’Ouest de la France (également jeune). Les créatifs culturels ne veulent ni faire fortune ni devenir célèbres, ni avoir du pouvoir sur les autres : ils adaptent des comportements individuels plus responsables vis à vis de leurs semblables, de l’environnement , s’impliquant sociétalement dans leur lieu de vie, en choisissant de vivre plus simplement loin des mirages de la Société d’abondance. Ils sont pionniers d’un néo-individualisme engagé qui redonne toute sa place à la Nature, et à la trascendance.
6. Le rôle de la Médiation Créative
La médiation est une entreprise destinée à produire un accord, un arbitrage (du latin médiate, être au milieu) ; le médaiteur s’entremet pour amener un accord entre deux ou plusieurs personnes ; il est un intermédiare-sens que nous prenons ici-à l’exemple de l’abeille qui est intermédiaire entre la fleur et le miel…La médiation culturelle accompit sa médiation à travers quatre fonctions : accompagner (informaer), traduire le savoir, favoriser son apprpriation (le savoir devient conaissance, éclairer la complexité.. :
Nature / Publics | Accompagner
Information | Traduire
Savoir (apprentissage cognitif) | Traduire
Connaissance (appropriation) | Eclairer
Compréhension de la complexité |
Scientifiques, professeurs, Enseignants, | Projet « pluridisciplinaire » Découverte | Colloques | ||
Eduacateurs | Interdisciplinarité/ transfert | Innovation produits / procédés | ||
Salariés actifs : toutes CSP confondues, | Nouveaux processus liés à l’utilisation des TIC | « opportunités technologiques » | Dédats | |
Consommateurs/ utilisateurs, (Rêve) | Conférences de concensus | Expositions | Innovations produits/services | Mutations sociales Et sociétales |
Consommateurs/ citoyens | Revue d’Actualités | Conférences citoyens | Conception de l’action créatrice | |
Scolaires | Initiation aux multimédias | Exposition extraordinaire | Soutien scolaire | Jeux créatifs |
La contribution de la Médiation créative en Région peut peut s’observer à travers diverses opérations :
Contribution de la M.C. | Aux dynamiques territoriales | Au partenariat territorial | Aux mutations de la société | A la société civile |
Tendances sur les contenus contemporains | Co-construction autour d’enjeux quotidiens : santé, mobilité, eau… | Ensemblier de savoirs et de compétences mobilisant les communautés éducatives | Anticiper : émergence de nouvelles références | Débats sur les enjeux Sociétaux (conférence de citoyens) |
Nouvelles pratiques de l’ Education populaire utile | Contribution aux nouvelles politiques de développement territorial | Développer l ‘intelligence territoriale | Culture et communication (facteurs de développement) | Eduquer à la complexité, Café philo |
La Médiation créative peut insufler un imaginaire de la Région , à travers la gouvernance de l’esprit de découverte et l’esprit de crétion création (C.Lemaignan 2007)
Territoire | Société | |
Esprit de création | Créativité et Territoire | Innovation sociétale |
Esprit de découverte | Les parcours métiers
Les chemins de la connaissance | L’extraordinaire :
les contes, les mythes, le patrimoine |
La gouvernance créative des territoires, où la relation entre créativité et territoire comme vecteur d’un potentiel de création. Il faut distingue à ce sujet les territoires comme ressource (financière, humaine, gisement de compétences réel ou virtuel), comme lien social (favoriser la communication au sein d’un territoire, faire participer la société civile locale, l’aider à s’exprimer), et enfin comme patrimoine (faire émerger les valeurs locales ancestrales ou actuelles, développer une nouvelle économie locale liée à son histoire profonde en redonnant vie à des savoir-faire ancestraux plus ou moins oubliés, mais qui, grâce à une hybridation avec des techniques modernes peut déboucher sur une nouvelle chaîne de valeur, binôme de tradition et de modernité…)
Reste à savoir comment faire, comment créer une ambiance favorable au développement de la créativité et de l’innovation sur les territoires ? Selon Jacky Denieul (IAAT), il y a plusieurs « angles d’attaque ».
|
Ces douze leviers doivent être mis en œuvre simultanément pour atteindre un effet de seuil. Mais cela demande du temps, de la patience et une certaine obstination. La création du monde ne s’est pas faite en un jour.
Bibliographie
- Philippe Breton, L’utopie de la Communication, l’illusion du village planétaire. La Découverte/Poche, novembre 2006, (172 pages) (réédition de 1997).
- Les créatifs culturels en France,(collectif) éditions Yves Michel 2007 (132 pages) .
- Bernard Guesnier et christain Lemaignan, le cercle d’or des territoires l’Harmattan, 2006 ;(299pages).
- Christian Lemaignan, Créer son futur dans nos territoires Atlantique, 2007,(104 pages)
- Jean François Rouet. Cent Fenêtres sur Internet.Atlantique. 2005.230p.
- Bernard Stiegler, Réenchanter le monde& Ars Industrialis, Flammarion 2006, 175 pages.
- Wikipédia, l’encyclopédie libre. 2007