Développement local-nodal / numérique / mobilités … vers quels improbables allons-nous ?
La question sur « ce qui est improbable » [1] commence à monter dans notre société de flux numériques acentrés ; confortant les inquiétudes mais aussi les opportunités dans un contexte de crise / mutation structurelle et de transition d’une époque à l’autre [2].
Elle interpelle les autres thèmes du développement local-nodal et de la réalité entrepreneuriale de proximité [3], du déploiement numérique (réseaux, usages, services), des nouvelles formes de mobilités (type nomadisme, comme les plus classiques dans les voiries, espaces publics davantage partagés et apaisés [4]) , le rapport au travail et bien sûr ce qui fait création de valeur.
En particulier sur les approches :
- Irrigation des dynamiques de réseautage et émergence de nouveaux acteurs de proximité, dans le développement nodal et les commodités au quotidien.
- Nouvelles pratiques du travail - mobilité, nomadisme, télétravail, coworking, tiers-lieux… mais aussi tout ce qui interpelle le management, l’évolution même des organisations : mieux sentir où l’on va dans la conduite des hommes (cf La GRH dans la tourmente du numérique).
- Capacité conversationnelle des collaborateurs en contexte numérique ou non… [5]
Le lien avec l’improbable [1] tient au fait qu’aujourd’hui, personne n’est en mesure de dire ce dont demain sera fait. Ceci, pour cinq raisons principales parmi d’autres :
- Accélération du temps numérique proche de l’instantanéité et la difficulté des anticipations / prospectives, rendant aléatoire une simple veille entrepreneuriale.
- Employabilité numérique des habitants, leur capacité à faire émerger dans leur quotidien des dynamiques plus ou moins entrepreneuriales de type bottom-up dans l’esprit Fab Labs, micro-initiatives, micro-interactivités, y compris en agissant sur les circuits-courts…
- Renouveau des formes, des flux comme des lieux de créations de valeurs économiques, sociales.
- Nature même du rapport au travail (forme, valeurs, rythme et temporalité, pérennité, modalités juridiques).
- Fluctuations d’adhésion / fidélité aux communautés numériques souvent fugaces…
L’enjeu des rencontres exploratoires [6] est de réfléchir « hors des sentiers battus »… voir en intégrant l’aléatoire, l’éphémère, ce léger décalage qui peut faire sens, ces chemins de traverses pour échapper à l’ordinaire… Le tout générateur d’envies, de défis, de projets, de capacités d’adaptation…
Ceci pour disposer de marges de manoeuvre, situer les ruptures ; et entrer en résonance avec l’économique, le social, l’éthique, l’art, les talents… dans nos quotidiens.
S’engager dans une telle approche réflexive et pratique suppose ouverture d’esprit, engagement personnel, interrogation sur les habitudes et cultures de raisonnement, implication opérationnelle pour induire le sujet dans les pratiques professionnelles…
Il faut aussi avoir présent à l’esprit :
- Les nécessaires intersections de disciplines qui n’ont pas encore combiné leurs potentiels. En particulièrement avec le souci de croiser des logiques d’économie créative (communication, design, numérique, architecture…) ; d’économie verte ; d’entrepreneuriat social.
- La valorisation de territoires, aux périmètres variables et dont les compositions numériques (communautés, nomadisme, mobilités) seront les terreaux et « incubateurs » de nouvelles logiques de développement.
- Le caractère « nodal », factuel, instable, et évolutif des relations « numériques » aux implications importantes en termes d’organisation, de management, de maîtrise des techniques, de déontologie, de gestion des différences générationnelles et culturelles et d’adaptation permanente à ces évolutions (plans technique et « culturel »).
- L’interpellation opportune et vigoureuse des certitudes actuelles sur : les tendances urbaines (densification, économie résidentielle, culture de fonctionnalisation des espaces), les mobilités pendulaires, l’écologie (sens profond, pertinence en situation de crise structurelle, envie partageable), la relation habitat local / emploi local… [7] .
Le tout en explorant des options plus diffuses et acentrées d’aménagement et d’urbanisation des territoires numériques (géopolitique ou de communautés par empathie). L’instabilité résultant de l’interactivité (via les sollicitations nomades) et de l’arrivée des objets communiquants (facteur clé de glocalisation des entreprises) rend d’autant plus important le souci vivace et humain de création d’emplois / employabilités… A ce titre, il faut fonder des horizons partagés et apaisés, porteurs de sens, d’envies pour aller vers des formes acentrées de gouvernance (citoyenne et d’entreprise), voir une subsidiarité publique pour les biens communs. - L’homme (collaborateur, client, fournisseur, citoyen) devenant la ressource majeure / révélatrice du 21e siècle, au cœur du numérique … C’est lui qui, par ses initiatives (publiques, privées, civiles), contribue à créer de la valeur en particulier à la périphérie de l’entreprise, dans des éco-systèmes et des expériences utilisateurs.
- La question du rythme et des capacités d’apprentissage permanent individuel et collectif à ces nouvelles logiques instables. A ce titre, et pour accompagner les énergies entrepreneuriales, il faut probablement remettre sur l’ouvrage à la fois les modalités d’accompagnements [8] et les solutions dites collaboratives insuffisamment impliquantes pour l’humain [9] ; tout en veillant à ne pas saturer du numérique [10] ou pour le moins en faire un usage évitant une « addiction » de type boulimique [11].
- Le rôle des nouvelles infostructures numériques [12] comme facilitateur des énergies individuelles au plus proche des territoires et des lieux-dits [13]. A voir aussi comment certaines approches donnent des éléments de liberté d’action insoupçonnés [14].
- L’objectif de refonder l’activité économique, sociale, éthique dans la ville ou un quartier ou encore dans un tissu rural ou péri-urbain. Ceci en prenant en considération, à partir des énergies individuelles entrepreneuriales [15], l’opportunité des enjeux de la dépendance, de l’intergénérationnel, des relations de confiance et d’adhésion à des éco-systèmes comme support de nouvelles logiques d’espaces et d’organisation urbaines, économiques et sociales… à réussir, comme autant de projets à échelle humaine, dans la diversité de nos villes, nos campagnes, nos entreprises.
Il est possible de situer ce projet d’échanges préalables autour de deux repères qui concernent les dynamiques entrepreneuriales dans les territoires :
- Posture de coopération : « Ce qui est rare à présent, ce n’est pas le capital, l’accès au marché, les compétences ou les technologies. Ce qui ne peut s’acheter, ce sont les relations entre ces facteurs, la façon de coopérer »
(La logique de l’informel - A la découverte des jeux de pouvoirs dans l’entreprise » par Gérald PAVY)
- Illusion : « Le principal obstacle à la découverte… n’est pas l’ignorance, mais l’illusion de savoir »
(Les découvreurs par Daniel J BOORSTIN, Ed.Robert Laffont 1963.)
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modifie le 30 avril 2012
Notes
[1] Cf Improbables Horizons - Pourquoi et Comment ? et plus particulièrement sur le volet RH Séminaire « Les Improbables RH » : innovations et évolutions culturelles, pour réussir les mutations de votre organisation dans notre époque numérique.
[2] A relire Crises… Stratégies… Valeurs et Société Numérique : quête ou alibi de la modernité ? ou encore Citations Improbables Horizons - Trouver la bonne posture - Agir en influence.
[3] Cf l’analyse proposée Le Développement Local est mort - Vive le Nano Développement Local, Numérique, Territorial, Entrepreneurial et Créateur de valeur et aussi Lego Numérique Local - Comment concilier Territoires numériques, Développement local, Entrepreneuriat, Boucle Locale, Opérateurs de proximité, Politiques publiques ?.
En attendant un prochain article spécifique sur le développement nodal on peut dire : "Passer du Local au Nodal, c’est considérer le local comme un terrain de jeu (voir un marché / un nuage dynamique / une pépinière) ; constitué principalement de points d’interconnexion, de noeuds numériques / physiques où se côtoient une foultitude d’individus porteurs de pico-projets et des piezo-énergies.
Le Nodal est ainsi une myriade d’interconnexions fructueuses et créatrices de valeurs au coeur des Legos Numériques Locaux articulant :
- Les nanoréalités (multipliant les opportunités d’interaction des surfaces d’interconnexion ; d’où une diversité riche de propriétés - réseaux, services, usages - aux effets connus ou improbables)
- Un local géopolitique ou de communautés par empathie ;
- Des postures individuelles de coopération, d’adhésion, de partage et de voisinage, au plus profond des micros / nanos territoires : quartiers, lieux-dits, moulons, communautés par empathie, lieux symboliques d’accès réseau numériques, de travail à distance / nomadisme, d’apprentissage en co-fabrication, d’expériences / médiations utilisateurs…"
[4] Cf en particulier Voirie-Pour-Tous et plus particulièrement les ressources disponibles Centre de ressources - Auto-Formation Tutorée.
[5] Cf Sur la capacité conversationnelle Vers un management de la conversation… Clic ou Déclic à la Tribune ? .
[6] L’idée de suggérer des rencontres exploratoires plus que des solutions ou des bonnes pratiques est le fruit d’interconnexions fructueuses avec des professionnels du développement local, du numérique, des ressources humaines. Ils « pensent » le monde et les horizons de l’action dans une acceptation d’interconnexions multiples, déstabilisantes et créatrices. Les uns et les autres appartiennent à des réseaux civils parfois discrets, à des cercles de recherches, à des institutions publiques ou privées confrontées à l’opérationnel. Leurs analyses, voir leurs mots ou citations, sont parfois repris ici et là. Merci à eux.
[7] Cf à ce titre Etude ADCF : « Les dynamiques socio-économiques des agglomérations françaises : une nouvelle étude de l’AdCF » -
Télécharger l’étude ici - A rapprocher du discours CGIET - Rapport « Bien Vivre grâce au numérique » Robert PICARD Ingénieur général des mines - Avec la collaboration de Christophe DESHAYES et Jean-François STUCHLIK.
[8] Cf Salon des Entrepreneurs - Ennui et Décalages dans le numérique et le local - Paris février 2012.
[9] Cf Quels enseignements tirer des salons Solutions « Intranet - Collaboratif » et « Ressources Humaines » - 13, 14, 15 mars 2012 - Paris.
[10] Cf Grosse Fatigue Numérique… Quand trop de numérique peut tuer le numérique. Relisons Victor Hugo pour laisser place au rêve….
[11] Cf Path, 50 amis et puis c’est tout - Quand les réseaux sociaux se mettent à la diète… Minimalisme et Sobriété - Qui trop embrasse mal étreint..
[12] Infostructure comme dispositifs d’intelligence de réseau trop souvent oublié dans la chaîne de la valeur de l’Internet : « L’infostructure est au développement de biens immatériels ce que les infrastructures sont au développement de biens matériels. C’est l’émergence de la société de l’Information qui met en relief la notion d’infostructure. Pour les autoroutes classiques de la société industrielle, l’essentiel de la valeur ajoutée est dans l’infrastructure. Pour les autoroutes de la société de l’information, la valeur ajoutée et le potentiel de création de richesses sont dans l’infostructure. » - On peut citer les infostructures métropolitaines qui font l’interface entre les réseaux d’accès, les contenus/services locaux et les backbones de l’Internet.
[13] A relire Les lieux et non-lieux de l’interconnexion.
[14] cf Le logiciel Serval permet à un groupe de téléphones portables de se connecter directement, sans passer par un opérateur. Une invention qui pourrait remettre en cause tout contrôle sur les réseaux..
[15] cf Dans ma révolution industrielle : « chaque immeuble, chaque maison deviendront une source de production d’énergie. Il faudra donc un réseau de communication pour la distribuer. L’Internet, par essence collaboratif, offre cette possibilité » - Jeremy RIFKIN. Article des Echos « La troisième révolution industrielle est en marche ».