1- Création de valeurs pour une Europe du Local ?
Quatre repères ci-dessous : fiscalité, proximité, marque / label, mots.
Concurrence fiscale entre Etats, conduit à « une taxation de plus en plus attrayante pour ce qui est mobile (capital, hauts et revenus, profits délocalisables) et de moins en moins pour les facteurs immobiles de production (logement, travail non qualifié) ou les seules bases fiscales non délocalisables (consommation, retraites, chiffres d’affaires)… Une fiscalité compétitive n’est donc pas du tout une fiscalité redistributive.… Cela conduit inexorablement à l’inégalité. »
- Le Local est-il délocalisable (ensemble de facteurs mobiles) dans une société numérique acentrée ? Ce qui n’est pas Local : fiscalité lourde ? Quid pour une activité utilisant sous-traitance, intelligence artificelle et télétravail via de petites équipes indépendantes implantées localement ? Quelle fiscalité pour des activités sociales, solidaires, économiques qui créent ou rendent de la valeur au Local ?
2- Mutation réelle en cours ou simple lubie pour aller vers la Proximité
- Vers l’industrie de proximité - Scénario
« La « relocalisation » se produit sur niches et moments du cycle de vie des produits : réparation, revente, adaptation, recyclage, logistique et distribution. Il faut produire des objets plus durables, adaptables, partageables ; des circuits « bouclés » où les déchets des uns sont les matières premières des autres, deviennent plus viables. »- Le texte s’efforce de dire le pour et le contre et ce qu’il faudrait faire pour que ce scénario devienne crédible et souhaitable. Thèmes néanmoins convenus (productivité, relocalisation, alliance, incitation) sans imagination.
- L’économie de proximité - rapport du Conseil Économique Social et Environnemental - Pierre Martin
- Spécificités : Organisation de l’économie autour de la relation directe : entreprises / consommateurs, inter entreprises, ancrage dans vie locale - Augmenter le bien-être en valorisant le territoire par les acteurs qui l’habitent et pour eux… Source d’emplois induits et renforce la vitalité du territoire. [2].
- La proximité serait avant tout affaire de géographie : même lieu comme source d’efficacité, de créativité et d’innovation, vitalité d’une économie « près de chez soi ». C’est oublier un peu vite la proximité numérique et l’économie / sociabilité associées qui se déploient en univers acentré.
- Concilier réalisme du Local et efficience économique. Mais vision « Local de Pays/Etat » et non « Local de Proximité » !
- Emmanuel Faber (Danone) : « la révolution de l’alimentation se fera avec les marques locales » : « L’alimentation est d’abord une réalité locale, liée à un territoire… Depuis cinq ans, les petites marques gagnent entre un demi et un point de part de marché sur les grandes marques internationales par an. Et ce, sur toutes les catégories et dans toutes les régions.… Pour prendre en compte la réalité locale, nous avons besoin que les décisions se prennent au plus près des consommateurs et des marchés. »
- Maquillage : avantage aux marques locales : « la nationalité reste un facteur clef du succès, en termes de notoriété et de ventes. En Europe, aux Etats-Unis ou en Asie, ce sont les marques locales qui s’imposent, devant les étrangères… »
- La face marquée des labels : « Les deux « estampillent », « signent » mais divergent fondamentalement par leur finalité et par leur connotation : commerciale pour l’une, réglementaire pour l’autre. » Ne pas oublier que l’obtention d’un label n’est souvent qu’une question d’abonnement ou de cotisation. Quant aux audits de contrôle de conformité, peu d’entre eux font appel à des organismes indépendants.
- L’enjeu : analyser davantage les marques et labels porteurs de savoir-faire locaux au sens terroir / quartier / village… En particulier sur leurs effets-retour en termes d’enrichissement équitable sur leur aire d’influence, de socialités, d’innovations.
4- Comment relier à l’Europe, les mots déclinant les Valeurs du Local ?
Plutôt bon : | Mémoire, Histoire - Espace géographique - Marchandises - Savoir-faire, Compétences - Mesure, Hiérarchisation |
Pas top : | Identité, Coutume, Attachement, Diversité - Savoir-faire, Compétences - Originalité, caractéristiques - Espace Numérique - Gastronomie et Terroirs - Usage, Proximité, Quotidien - Qualité intrinsèque, désiré, estimé - Langues |
Reste à compléter et faire l’exercice inverse : des valeurs de l’Europe à celles du Local ?
2- Quels Parcours Exploratoires envisager
Avec un peu de recul, partons à la découverte d’une Europe du Local en portant de l’attention aux mots ci-dessous au rythme du flâneur : cailloux, suggestions sur le chemin d’une observation visuelle, émotionnelle, attentive, à vivre et partager. [3]
Une occasion de laisser quelques traces à nourrir par des réflexions personnelles ou collectives.
Protocole
“Découvrir des démarches artistiques qui travaillent à l’intérieur de contraintes préétablies, cerner les modalités et les enjeux de ces contraintes choisies et montrer comment se construisent avec elles de nouvelles approches pour la peinture, le dessin, la sculpture et les installations ." [4]
- L’Europe actuelle adhère aux protocoles : négociation, adhésion, unanimité, langues officielles, règlements, horloge arrêtée…
- Est-ce des protocoles qui fédèrent, unissent, dynamisent… ou unifient, rabougrissent, appauvrissent, ringardisent l’idée, le vécu, l’espérance européenne ? Il faut pour le moins stopper la boulimie règlementaire de l’Europe. Trop de droit tue le droit. Revenir à ce qui peut fonder le Vivre Ensemble est une Urgence, en réaffirmant quelques Principes Juridiques simples, compréhensibles par tous les citoyens et acceptés par le plus grand nombre. Principes traduisant la diversité et la richesse des langues européennes et non conçus principalement en anglais.
À dessein !
“Longtemps le dessin a été considéré comme esquisse ou croquis préparatoire. Aujourd’hui le dessin devenu une œuvre à part entière, présente une diversité des genres, des médiums et des techniques utilisées aussi bien par des artistes confirmés qu’ émergents. Quelle est la place du dessin dans l’art contemporain ?" [5]
- Dessine moi l’Europe devrait dire aujourd’hui Le Petit Prince ! Pas sûr que la réponse le satisfasse… Faut-il en désespoir de cause lui dessiner une caisse avec l’Europe enfermée dedans ?
- Pour ouvrir les horizons réintroduisons le Design de l’Europe invitant autant à dessiner qu’à concevoir en référence à un dessein : survie, puissance, liberté, solidarité, diversité, affirmation d’une primauté culturelle ou autre… Mais par qui : Dessin / Dessein des citoyens, des élites, des robots…
Minimart
“Le minimalisme incarne la tendance américaine dominante à la fin des années 1960 et marque profondément l’évolution de l’art contemporain jusqu’à aujourd’hui. Grâce à la couleur, au hasard et à un certain esprit dada, l’art ne se prend plus au sérieux." [6]
- L’Europe s’éveille, grossit, se nombrilise, se complexifie, s’éloigne, est illisible… Devant son embonpoint aucune recette miracle ou cure violente d’amaigrissement. Peut-être s’inspirer de l’esprit Dada pour se remettre en cause avec une légère extravagance, humour et se libérer d’un trop grand sérieux !
- Viser le minimalisme pour retrouver l’essentiel. Effort salutaire pour tous les convaincus d’Europe. Fonctionnaires européens… levez la plume pour prendre du recul, vivre davantage et en proximité, au quotidien, les conséquences de vos pensées ou suggestions réglementaires en prenant en considération la diversité des langues de l’Europe [7] et les vécus au quotidien des Citoyens Européens.
Travelling
“Au tournant du XXe siècle, l’émergence du cinéma confère aux arts plastiques réputés statiques la dimension du mouvement. Le cinéma et l’art contemporain n’ont de cesse de s’observer, de s’hybrider, de dialoguer à travers des peintures, films vidéos, et des installations." [8]
- L’Europe s’observe (son histoire comme entre les membres), s’hybride peu, ne dialogue guère en direct avec les citoyens tant la pression et l’influence des intermédiaires lobbies ou autres est intense.
- Oser se retourner pour voir ce long travelling sur l’Europe… en images, en sons, en représentation, en fraternité, en engagement… non pour se morfondre mais pour élargir horizons et perspectives.
Baz’art
“L’art contemporain est un vaste laboratoire à images et à idées ! En procédant par accumulations, hybridations, mutations les artistes à partir des années 60, opèrent constamment des glissements entre les champs artistiques : Peinture, sculptures, installations…. Comment la pensée entre la matière et l’image prolifère-t-elle ?" [9]
- L’Europe actuelle vit sur de vieilles habitudes : défense des territoires, égoïsmes, privilèges… Pour redécouvrir et faire vivre l’Europe, il faut passer par l’étape du grand Bazar…
- Et si l’on transformait l’Europe en un réseau de FabLab-Europ ! Autant de lieux ouverts, physiques et virtuels pour Interroger, Concevoir, Fabriquer l’Europe en Equipe, en toute Transparence, avec pleine conscience d’un monde acentré. A suivre, intérêt du protocole de recherche L’Europe au microscope du local [10]
Pour l’heure le grand bazar de l’Europe c’est d’avoir donner la priorité à la gestion, aux règles… comme si ces dernières pouvaient constituer un Sens Collectif, un Horizon, une Identité partageable !!
Haut en couleur !
“La conquête de la couleur constitue un des enjeux fondamentaux de l’art contemporain. La couleur libérée de la forme reste aujourd’hui un moyen d’expression, d’échange de sentiments, et de sensations. Ce parcours nous invite à en voir de toute les couleurs et découvrir les différentes approches artistiques vers la couleur : photographies, peintures, dessins." [11].
- Libérer la couleur de la forme… voilà bien un enjeu majeur pour l’Europe.
- Par exemple, faire évoluer le drapeau européen, dont les douze étoiles sont censées incarner la perfection et la plénitude [12], en lui adjoignant la marque et la signification d’un réseau acentré (cf logo en tête de l’article).
Se mettre au vert !
"La nature et le paysage urbain restent encore un centre d’intérêt pour les artistes contemporains qui disposent d’une grande variété de techniques pour les exprimer. Design, photographies, peintures… Quels rapports entretient l’homme avec son environnement, avec la nature, et avec ses semblables ?" [13]
- L’Europe actuelle est passée maître dans l’art du marathon de gestion (en arrêtant l’horloge) autour du tapis vert de la négociation.
- Pour Co-Fabriquer l’Europe du Local il semble indispensable de retrouver avec les Citoyens, les yeux des découvreurs face aux Terres Inconnues [14]
3- Déployons Pensées, Actions, Gouvernance
L’Europe du Local est probablement, au bout du chemin, un bon repère dans la société acentrée.
- Cercles Europe du Local ou autres communautés de réflexion. En proximité dans les quartiers, les villages, les communautés, les provinces… pour approfondir et agir autour des points évoqués ici.
- Donner à ses actions sociales, économiques, technologiques une dimension Europe du Local.
- Prendre une part active en accompagnant, en investissant, en initiant des activités porteuses de retour vers le Local (valeurs, compétences, cultures, proximité).
- Inventer une Gouvernance Citoyenne et Acentrée pour l’Europe du Local : Aucune construction possible si les Citoyens sont éloignés des réflexions, conceptions et décisions européennes. Le modèle démocratique actuel est partiel (Parlementaires européens, Présidence européenne et désignation Membres Commission) s’essouffle et n’est plus en phase avec une société acentrée. Idem pour la logique de faire l’Europe des Etats. Le retour des imaginaires (autonomie / indépendance) des provinces n’est pas un hasard. Etre trop loin des citoyens produit une Europe stérile de sens, arc-boutée sur une fonction réglementaire.
- Redonnons force à deux modalités d’une Démocratie de Proximité : élection au suffrage universel et tirage au sort [15] de citoyens comme reflet et respect de la grande diversité des territoires locaux et de la richesse humaine d’une société acentrée.
- Valorisons le rôle et l’influence des Territoires Locaux de notre société acentrée (géographique et numérique) par des représentations européennes ad hoc, situées au plus près des habitants et usagers européens. Ceci de façon déconcentré et en accordant de larges marges de manoeuvres pour le développement local de proximité.
- Procédons à une vigoureuse déconcentration et décentralisation des institutions européennes [16] (fonctionnaires et décideurs) en inscrivant à la fois leur localisation, leur mobilité accrue, leur formation continue, leur système décisionnel, l’exigence de diversité linguistique… dans le respect de tous les territoires européens de proximité, de leurs spécificités, de leurs potentiels.
En définitive, Prendre en Responsabilité notre Destin et Ré-Enchanter l’Europe du Local [17].