Quid des Prospectives Territoriales en contexte numérique acentré ?

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Quid des Prospectives Territoriales en contexte numérique acentré ?

La question vient de la prochaine tenue d’un séminaire intitulé « Printemps de la Prospective- séminaire en hommage à Guy Loinger - 20 mars 2013 - CNAM Paris »
Nous laisserons de côté la première partie « Hommage », pour suggérer, sans exhaustivité, quelques questions et contextes à explorer à l’occasion de la seconde partie consacrée à « Avenir de la Prospective » en ciblant successivement :

  • Table-ronde 4 - Développer les réseaux
  • Table-ronde 5 - Quel rôle de l’Etat et des collectivités territoriales ?
  • Table-ronde 6 - Quelle formation et professionnalisation des prospectivistes ?

En préalable, resituons des interrogations bien légitimes.

  • 1- Regardez ce topo Dans le silence des campagnes - A voir ici [1]
    … comment inclure dans une vision Prospective Territoriale… la question des détresses humaines…
    … mais aussi comment certaines recommandations prospectives peuvent, une fois écoutées et appliquées, conduire à des détresses de ce type !
    … Sous-entendu… quelle est la part de responsabilité du Prospectiviste envers les générations / réalités futures ?
    … ou encore quelle fiabilité / mesure du degré vrai-faux/ évaluation des prospectives en particulier dans notre époque numérique où l’improbable nous envahit).
  • 2- Bientôt 30% de séniors dans notre pays… Comment la prospective des territoires va-t-elle concrètement prendre en considération cette nouvelle réalité ?
  • 3- La prospective des territoires est-elle capable, culturellement et via des outils méthodologiques, de ne pas se cantonner aux discours ambiants sur le « toujours plus d’urbain… »
    … au moins pour conserver l’art du doute et la capacité critique essentielle dans un monde instable.
    … et ceci même à l’heure du buzz sur la ville intelligente ou smart city asociée au big data.
    Les participants au séminaire prennent-ils en compte par ex d’éventuelles tendances comme Paysans des villes, la tentation du retour à la terre
    … ou plus simplement les nouvelles formes d’implantation venant pour partie d’évolutions dans l’organisation et la finalité du travail comme dans celles des mobilités (physiques et numériques)… en contexte numérique acentré ?
    Dans le même esprit que peut signifier une Intelligence Prospective Créatrice , à l’heure de l’arrivée massive des objets communiquants et de l’émergence des discours sur les biens communs ?
    Le « Prospectiviste » adopte-t-il la posture de l’ethnologue (ce sachant du terrain / terroir) ?
  • 4- Avoir conscience des Nouvelles Ecritures… des territoires
    • Cf « Écritures : sur les traces de Jack Goody » (Presses de l’Enssib, 2012) sous la direction d’Éric Guichard, rassemblant plusieurs disciplines (mathématiques, physique, géographie, anthropologie, philosophie, etc.).
      A rapprocher du propos de M.Serres sur la nécessité de « sortir du carcan de la page »… et cette confrontation à « Devant l’offre croissante de savoir en nappe immense, partout et toujours accessible, une offre ponctuelle et singulière devient dérisoire… ».
    • Question prospective, l’avenir semblerait moins à la complexité qu’à une forte dimension d’improbables [2] et d’éphémères pour les horizons qui s’esquissent et foisonnent localement dans une société numérique acentrée [3].
    • Nouvelles écritures aussi autour des biens communs, de ce qui fera création locale de valeur, des nouvelles formes d’organisation du travail et plus généralement de la place du travail et de sa rémunération, des expériences utilisateurs, de la sortie plus ou moins intense des contextes monétaires pour un nombre croissant d’échanges économiques avec proxilité, des enjeux et finalité des pratiques de coopération, de partage et de don [4].
  • 5- La question des indépendances et des reconnaissances
    • Les discours des prospectivistes doivent être passés au tamis des proximités culturelles voir de la dépendance envers leurs financeurs (eux-mêmes producteurs ou promoteurs de certaines façons de penser l’avenir comme les territoires). A ce titre les divers corporatismes dans notre pays comme le travail des lobbies, invitent à s’interroger sur les gages d’indépendance, l’esprit critique, de défrichage, d’explorateur disponibles chez les prospectivistes (universitaire / consultant).
    • De plus, dans un monde numérique foisonnant d’informations, de renouvellement de pensées mais aussi de buzz, de panurgisme et de faiblesse conversationnelle [5]… se pose la question du « qui peut à notre époque, prendre la posture du Prospectiviste »… et quel est le degré de reconnaissance qui lui est / serait rendu « sur » la Toile ? Le statut universitaire et plus généralement celui du « sachant » demeurent-ils le sésame de la crédibilité ?

TR 4 - Développer les réseaux

Parler des « Réseaux de la Prospective » ne peut se cantonner à parler d’échelles, de cibles, de fonctions, de contenus, de méthodes, de qualification, de complémentarité, d’enjeux de société…
Il y a lieu de mieux cerner les « forces vives et les cultures », mais aussi les erreurs qui peuvent fonder / nuire ou nourrir semblables réseaux. A ce titre, quelques repères ci-dessous sont peut-être à méditer :

  • Les réseaux numériques physiques se sont déployés en France, en référence aux moules culturels évoqués ci-dessus, en parlant d’aménagement numérique des territoires… alors qu’il eût fallu parler d’aménagement des territoires numériques.
    • Ancrés dans leurs repères anciens… nos sachants ont cru pouvoir reproduire le déploiement linéaire des réseaux classiques. Cela n’est pas négligeable et à l’origine des fractures spatiales et d’usages… en créant un modèle de dépendance culturelle des usagers vis à vis d’opérateurs… dont les business models sont centrés sur la captation d’usagers même avec des offres de type freemium ou low cost.
      Ce choix culturel et économique du couple Etat / Collectivité focalise sur la desserte du dernier km (facilitant l’appropriation du système par les gros opérateurs et le déport de valeur hors le local), alors qu’il faut s’appuyer sur l’énergie des habitants / usagers en partant du 1er mètre (l’énergie locale se diffusant par taches et capillarité) [6].
      Cela donne un sentiment d’équité d’accès… censé promouvoir une « prospective d’égalité des chances »… conduisant pourtant déjà à des revendications « d’avoir le numérique… l’accès pour tous »… alors même que les réseaux numériques par leur acentrement… sont d’abord porteurs de multiplicité et d’indépendance des énergies individuelles ou de groupes sociaux.
    • Aujourd’hui encore, certains voudraient cantonner le numérique à une question d’outils avec quelques clics, images et interactivités ! Le tout avec une sémantique en quête de stabilité : TIC, puis NTIC, aujourd’hui « e » ou « i » à tout va dans e-administration, i-bidule, et plus simplement numérique, digital… avec domination d’anglicismes).
    • D’autres heureusement, plus en perception des horizons en vue, parlent de basculement d’époque, de mutation en univers acentré conduisant non seulement à une recomposition des échelles des territoires géopolitiques, mais à une refondation de leur nature même (dont la gouvernance n’est pas le moindre des enjeux).
    • La revanche des contenus (fabrication, diffusion, usages). Dans les faits, les erreurs ou incompréhensions ci-dessus, mais aussi les modèles économiques sous-jacents, trouvent heureusement leur limite dans la reprise en main progressive des contenus par les usagers / internautes.
      • Tendance à passer d’un univers de « possession et d’abondance… à un désir de disponibilité où et quand je veux… et en accès illimité ». Cf Le nouveau visage du consommateur est-il celui de la fin de la propriété ?.
      • L’enjeu des services et usages liés aux commodités du quotidien par ex, conduit à déployer créativité et sens collectif pour remettre en fabrication circuits de conception / production / diffusion en s’appuyant sur les noeuds d’énergie. Décadrage, prototype, réfléchir ensemble, réinterroger des évidences supposées, imaginer des choses concrètes, modes opératoires… tout en ayant conscience des limites : Cf Dispositifs créatifs en questions (2/2) : les limites à la créativité collective.
      • Le passage d’une création de valeur par l’offre à une création de valeur par la demande [7].

 

  • Parler de Réseaux dans cette rencontre dite « Printemps » sous-tend aussi de préciser de quels territoires on parle ? : territoires géopolitiques statufiés / sanctifiés… territoires des marchés numériques ou de mobilités… territoires de vie, de jeu, de construction… territoires de communautés… et surtout de créativité numérique…
    Pour le moins nous sommes bien dans de Nouvelles Ecritures… des territoires comme évoqué ci-dessus et non dans une compréhension simplement technique d’outils réseaux.

 

TR 5 - Quel rôle de l’Etat et des collectivités territoriales ?

La rencontre semble focaliser plutôt sur une terminologie ambiante, sur un volontarisme incantatoire, que sur les tendances de fond qui progressivement se mettent en place.

  • Peut-on sérieusement imaginer avoir des « collectivités locales fortes » au vu de leur situation financière dégradée pour de nombreuses années… compte-tenu des charges structurelles qui les étouffent à moyen voir long terme ?
  • Les « enjeux du développement durable des territoires » sont-ils entre leurs seules mains à l’heure où le mot « durable » passe partout, laisse le pas au « pour tous »… Ceci dans un contexte où nombre d’énergies individuelles se concentrent, dans la diversité et l’indépendance des réseaux acentrés, pour reprendre la main sur leur présent ou avenir (dans la mobilité, les usages du numérique, les modes de consommation)… profitant selon les opportunités des choix astucieux sur l’Open Data structurant divers horizons.
  • Certes le « Printemps » a raison de situer l’avenir dans des « territoires inégaux face aux défis et aux menaces »… mais placer les collectivités locales comme des réponses à ces défis ! Bien sûr qu’elles vont jouer un rôle non négligeable… mais en concurrence avec d’autres énergies (civiles, entrepreneuriales, de subsidiarité publique) facteurs d’apprentissage et de socialisation [9].
    Et pourquoi terminer par un appel à l’Etat, lui même largement désargenté !
    Vouloir faire « jouer à ce dernier un rôle d’accompagnement, de partenaire, de régulateur, d’aide à la conduite des affaires, dans une optique de travail local optimisé et cohérent »… c’est plutôt contre sa nature culturelle et supposerait une capacité prospective bien peu présente.
  • Enfin, on ne peut affirmer que « La question prospective cristallise les rôles et responsabilités respectives de l’Etat et des collectivités territoriales. » C’est oublier que l’univers numérique acentré est d’une grande violence concurrentielle envers les énergies des habitants, les employabilités, l’e-localisation des activités, les capacités conversationnelles… Il sera bien difficile à ces deux types d’organismes de jouer des rôles structurants alors qu’il faut éveiller l’envie, l’étonnement et l’insolite pour forger des marques de différenciation… comme nous y invite Roger-Pol Droit contre l’ennui obligatoire .

 
Il est surprenant de voir un « Printemps » de la prospective ancré, pour sa seconde partie, dans des regards plutôt peu novateurs… Les Prospectivistes pourront-ils « sortir du carcan de la page » comme les y invite pourtant Michel Serres dans Petite Poucette :) .

  • Espérons voir un jour des Prospectivistes comme ces aventuriers dont nous parle François Bellec : « Leurs journaux de bord, leur correspondance et les récits de leurs compagnons ont la fraîcheur des émotions sincères, des émerveillements qu’amplifiait le superlatif convenant aux mondes nouveaux. On peut y lire leurs motivations nobles, leur fierté parfois arrogante, leur assurance, leur triomphe et leur gloire. On y déchiffre aussi, entre les lignes, leurs doutes, leur lassitude, leurs peurs, leur désarroi, leurs échecs et parfois leur détresse » [10].
  • De nouveaux acteurs interféreront de plus en plus dans les Prospectives Territoriales : « Les relations interindividuelles émergent progressivement comme les nouvelles clés de l’avantage concurrentiel… Les facteurs de succès de l’entreprise reposent sur l’adéquation des comportements, la qualité des relations entre les individus… et la capacité à coopérer » ; et aussi « Ce qui est rare à présent, ce n’est pas le capital, l’accès au marché, les compétences ou les technologies. Ce qui ne peut s’acheter, ce sont les relations entre ces facteurs, la façon de coopérer » [11] .

TR 6 - Quelle formation et professionnalisation des prospectivistes ?

Il est classique et louable que les Prospectivistes réclament durant ce « Printemps » la « reconnaissance de la prospective en tant que discipline » et se voient jouer un rôle pour « former les acteurs à penser les évolutions et les ruptures… C’est-à-dire au final à adopter des postures et des savoirs faire, qui leur permettront de penser, de construire et de concrétiser, collectivement…l’impensable ». …
Mais les enjeux semblent d’abord sur la posture du Sachant :

  • Instruire : « A un enseignant qui me disait »notre métier n’est pas d’éduquer mais d’instruire… je lui ai rappelé la circulaire de Jean Jaurès : Vous enseignez moins ce que vous savez que vous n’enseignez ce que vous êtes » - Edgar Pisani.
  • Réenchanter : Donner le goût de réenchanter la Prospective comme certains voudraient « réenchanter leur territoire » en s’inspirant peut-être du texte de Michel Roux Le ré-enchantement du Territoire (Le territoire dans les sillages de la complexité ).
  • Méditer cette affirmation de Daniel Boorstin dans « Les Découvreurs » Ed R.Laffont 1963 : « Le principal obstacle à la découverte… n’est pas l’ignorance, mais l’illusion de savoir ».
  • Vérités : « Il est admis aujourd’hui que toutes les vérités humaines, scientifiques comprises, sont relatives, au sens où elles sont incomplètes et destinées à changer… » - M.Paty - Philosophe et historien des sciences Directeur de recherche au Cnrs dans « Des vérités provisoires mais nécessaires ».

 
En définitive le Prospectiviste ne doit-il pas adopter cette affirmation …
« A vouloir tout comprendre, on renonce à changer quoi que ce soit » (Claude Levi-Strauss).

De quoi éviter peut-être que ce « Printemps »… ne soit qu’un « Automne ».
Faut-il encore bien réfléchir à ce qu’est un Printemps de prospective… savoir ce qu’on veut y faire pousser… entreprendre quelques changements de perspective… ne pas se cantonner aux questions… mais opérer localement.

Contact : Si vous souhaitez prolonger la conversation sur le sujet, cliquez ici.

 
_______ Commentaires d’internautes _______

  • RPDE - Réseau des Professionnels du Développement Economique sur Viadeo - 13/03/2013
    par : Laurence Langer-Sautière
    , Consultante formatrice / chargée de projets et de développement :
    Il y aurait beaucoup à dire, ce texte étant une grande invitation à une réflexion ouverte et détachée des cadres et catégories qui in fine bloquent la réflexion. Le lien entre prospective et prise en compte des détresses humaines (existantes ou provoquées par la prospective) me renvoie à Amartya Sen et la discussion qu’il construit entre théorie de la justice fondée sur les institutions et théorie de la justice fondée sur les « capabilités »des personnes (pour faire court !). Toutes les réflexions et amorces méthodologiques permettant de travailler en fonction des capabilités me semblent plus que précieuses et même fondamentales pour renouveler notre projet.
  • A propos des enseignants (TR6) par Gabriel Lévy-Bencheton , IFME : il manque un paramètre… c’est le respect que les enseignants sont capables de générer auprès de leurs élèves ou étudiants, pour pouvoir transmettre, éduquer, former, ou ce qu’ils veulent ! Lorsque l’exemplarité n’est pas démontrée par l’enseignant, comment veut-il assumer sa fonction ?
  • Question Culture personnelle - Michel Bergeret , Rapporteur TIC CESE FC - GPME FC : Merci beaucoup. En effet très utile pour ma culture… plus j’avance, plus je me rends compte que je ne sais pas grand chose.

_______ Eléments de Synthèse du Séminaire _______

Ci-dessous quelques repères sur les tables rondes N°4 et 5 auxquelles j’ai pu ponctuellement assister.

TR 4- Développer les réseaux

Le sujet porte sur les réseaux communautaires de prospective en France, Europe, Monde.

Christian Lemaignan (Université Poitiers) insiste sur la nécessité de « mutualiser les histoires des territoires ». Il rappelle aussi « les collèges invisibles » après guerre, comme réseau de chercheurs.

  • Régine Monti Tessier (Gerpa) s’efforce à une typologie des réseaux prospective en 4 types (Accès à son intervention) :
    • Expert et acteurs visant la connaissance et l’articulation avec l’action : plutôt permanence, réseau de veille et irrigation.
    • Prospective comme carburant. Ex : Groupe industriel dans l’agro-alimentaire, Aradel.
    • Institutionnel, communauté de pratique : vocation réflexive, partage expérience, apprentissage avec comme exemple le réseau Prosper.
    • Lieu d’innovation et champ oblique (cf OIPR) visant : création, progrès de la connaissance, réseau de praticiens prospective.
  • Saphia Richou (ISM et master2 MIQSE) s’exprime sur les points ci-dessous, assez convenus.
    • Rôle des affinités profondes dans le fonctionnement réseaux. On troc beaucoup entre nous, on s’acculture aux compétences des autres.
      • Importance de réseauter avec d’autres thèmes comme créativité, ingénierie sociale, innovation.
      • Densités des liens dans les réseaux.
        -> savoir donner , troquer… des choses.. en garder pour plus tard.
        -> faire confiance, indépendance personnelle et harmonie avec les réseaux.
        -> relation pacifiée du / au pouvoir.
      • Reconnaissance de l’autre et contexte collaboration / coopétition.
    • Exemple International : travailler un réseau plus participatif.
      • Prospective network créé en 2002, réseau du millenium.
      • Collège européen de prospective territoriale impulsé par Datar.
      • Ouverture vers des réseaux de non prospectivistes avec diffusion et pédagogie de la connaissance, dialogue avec grand public. Evoque les jeunes et leur implication dans les réseaux. Insiste sur culture… management interculturel.

 
Dans leurs questions :

  • Fabienne Goux-Baudiment (ancienne Présidente Fédération mondiale prospective) s’inquiète des modèles économiques des réseaux de prospective :
    • Compétition entre réseaux formels et les réseaux informels en référence aux services rendus aux membres.
    • Question de la plus ou moins grande ouverture des réseaux (fédération mondiale prospective 400 membres semi ouvert ; Cf aussi réseau regroupant consultants en prospective avec services de haut niveau).
  • J.P.Lugnier indique qu’un réseau peut se fermer sur lui même. Dans un territoire il y a des logiques d’opposition. Comment faire en sorte que des logiques, par nature opposées, puissent se rencontrer. Quid de la méthode en donnant à chacun la parole… tout le monde est en scène…
  • En réponse, Régine Monti Tessier rappelle :
    • Nécessaire transversalité des réseaux : pour créer de la connaissance sur la prospective… il faut de la diversité.
    • Diffusion de la prospective… Le trop plein..
    • La prospective ne s’apprend pas… celà se pratique.

TR 5- Quel rôle de l’Etat et des collectivités territoriales ?

Claude Lacour (Gretha) évoque la prospective comme « génie perturbateur » ; et comme alibi à faire…

  • Stéphane Cordobes (Datar) : mentionne notamment les tendances lourdes d’urbanisation des territoires ressortant de diverses analyses… en écho / réponses à quelques échanges au Sénat avec élus évoquant les réalités et besoins des milieux ruraux… Surprenant, en attitude de prospective, de sembler considérer, avec certitude, que dans quelques années la question rurale ne se posera plus !
  • Yannick Blanc (Fonda, Vaucluse) évoque les nouveaux contextes pesant sur la prospective (crise financière, réduction des capacités d’action de l’Etat). Rappelle que le territoire est d’abord un espace d’acteurs ayant envie de travailler ensemble… et de se parler même si c’est difficile.

En conclusion de cette écoute… in situ

  • Tout réseau performant doit savoir « mourir »… Une façon de passer le relais, vérifier l’envie, l’empathie, l’occasion de renaissance… Dommage de ne pas avoir évoqué le cycle de vie d’un réseau. Il eut fallu davantage parler de la « vraie vie des réseaux »… dans un contexte concurrentiel qu’imposent les proximités sur le net mais aussi de la faiblesse des capacités conversationnelles y compris des « sachants ».
  • Les intervenants n’ont pas pris en compte le caractère Acentré du réseau internet (cf note 3 ci-dessous) et son incidence sur les nouvelles pratiques de travail… Ces dernières ont de tout temps, influencer les organisations urbaines, la localisation des activités, les valeurs de communautés, les mobilités, les chaînes de valeur…
    Plutôt « surprenant » de voir ainsi sous-estimé une bonne compréhension / articulation du présent et la réalité du changement d’époque que nous vivons : « les nouvelles écritures » !
  • Sur les acteurs des territoires… il y a les « institutionnels » sur le devant de la scène, les « en influence » souvent dans la discrétion… et de plus en plus le non maîtrisable, non pérenne… les milliers de « Petite Poucette » (cf fascicule Michel Serres) qui innervent avec créativité et au plus près des territoires : la réalité, la construction du sens partagé, l’horizon des territoires géopolitiques ou de communautés numériques.
  • Surprenant de ne pas voir évoqué la nécessité du doute, de l’esprit critique chez le Prospectiviste… A méditer comme évoqué publiquement dans mon intervention la citation « Le principal obstacle à la découverte… n’est pas l’ignorance, mais l’illusion de savoir  » Daniel Boorstin dans Les Découvreurs. Penser aussi pour prendre du champ avec les certitudes d’un moment, au propos d’ Edgar Morin « L’histoire des civilisations comporte des irruptions d’improbabilités ».
  • Et puisque la question des langues a été mentionnée… il faut aussi situer l’enjeu de la langue française dans les réseaux et les thématiques de la Prospective.

Voir en ligne : Séminaire du 20 mars et ouvrage Futurs des Territoires - Hommage à Guy Loinger - Ed L’Harmattan ISBN : 978-2-343-00356-6 • mars 2013 • 248 pages (Version numérique disponible)

le 10 mars 2013 par Jacques Chatignoux Opérateur
modifie le 16 mai 2013

Notes

[1] Un film poignant de Jean-Louis Saporito sur la détresse des agriculteurs, dont le taux de suicide est le plus élevé de toutes les catégories socioprofessionnelles. Chaque année, ils sont plus de 400 (certains disent plus du double) à mettre fin à leurs jours. La France, pays aux racines profondément rurales, a oublié ses paysans, quand elle ne les méprise pas. « Revenus insuffisants, angoisses liées à l’avenir, difficulté à garder le patrimoine familial, solitude et parfois célibat, image de pollueurs, c’est généralement l’empilement de tous ces facteurs qui génère stress, dépression et qui parfois pousse au drame… » La ferme en effet, c’est toute leur vie : « Moi, ma ferme, elle fonctionne mal ; mais ma ferme c’est un peu moi. Et quand la ferme va mal, c’est moi qui vais mal. Et si elle meurt, ça ne vaut peut-être plus le coup que moi je continue à vivre ».

[2] Cf Développement local-nodal / numérique / mobilités … vers quels improbables allons-nous ?.

[3] Cf "Le modèle de développement d’Internet est d’être totalement acentré. Il n’y a pas de centre, pas de partie plus importante ou par principe plus grosse que les autres, afin de rendre l’ensemble indestructible. Les échanges y sont normalisés de manière à préserver une grande hétérogénéité ; Internet a été conçu pour que deux ordinateurs de marque et de constructeur différents puissent discuter entre eux, pour peu qu’ils respectent un tout petit bout de norme.
Une société se définit par les interactions entre les gens : le média structure la société… L’imprimerie, c’est un éditeur qui juge que l’écrit est suffisamment important pour être publié et qui le diffuse vers des lecteurs n’ayant pas eu leur mot à dire dans cette décision. C’est un monde vertical. Alors qu’avec Internet, tout le monde publie, et lit qui veut bien lire."
Relire Benjamin Bayart : protéger la biodiversité du Net.

[4] « La finalité du don n’est pas la chose donnée (qui capte l’attention de l’économiste), ni même le geste du don (qui fascine le moraliste), il est de créer l’alliance ou de la renouveler » - Le prix de la vérité - le don, l’argent, la philosophie par Marcel Hénaff - Ed Seuil.

[5] Cf Vers un management de la conversation… Clic ou Déclic à la Tribune ?.

[6] Cf Technologies, Aménagement des Territoires Numériques - Réussir ou échouer son développement local - Enjeu du premier mètre.

[7] Cf nos deux conférences Création de valeurs, Territoires numériques, Usager acteur, Opérateur Local - Club Optique - Exploitants de réseaux et opérateurs - Déc 2011 et Transformer nos comportements - Identités de nos villes numériques - Usages pour quel futur ? - Angers Technopôle 21-nov-2011.

[8] Cf aussi pour retrouver plusieurs commentaires resituant le sujet Wirkers.info - Réseau Communautaire et Pratiques Collaboratives de contenus.

[9] Cf « Il n’est pourtant pas assuré que ces mobilisations locales puissent être simplement désignées comme égoïstes. Sans forcer le trait, on peut au contraire montrer que ces groupements se révèlent des lieux importants d’apprentissage et de socialisation politiques. » extrait du texte de Jacques Ion à propos du syndrome Nimby - Le temps de l’engagement pluriel , Jacques Ion, Revue Sciences humaines hors-série N°39 déc 2002 / janv-fév 2003 Page 58

[10] « Le livre des terres inconnues - Journaux de bord des navigateurs XV-XIXe siècle » par François Bellec - Ed du Chêne

[11] Cf l’ouvrage « La logique de l’informel - A la découverte des jeux de pouvoirs dans l’entreprise » par Gérald Pavy - Ed d’Organisation