Faire l’effort de l’Attention
1- Actualisons :
« Le XXIe siècle a changé de contrat, et inventé une seconde légitimité, celle d’un contexte numérique acentré » [13] En l’absence de centres dominants… Local et Proximité sont partout… Global et Mondialisation nulle part.
« Une sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part » (Pascal - les Pensées).
2- Mémorisons :
« La façon de coopérer »
« Une telle simultanéité est inédite dans l’histoire de l’humanité »
« Lecture inventive des formes familières et quotidiennes »… « Lecture attachée au fragment »
« Lien faible… Mutation de la convivialité »
« Internaute comme un colon du virtuel »
« L’illusion de savoir »
« Transfert massif de souveraineté »
« Capacité de rébellion »
« Finalité du Don… créer l’alliance »
Postures à adopter
1- Subsidiarité : « L’échelon le plus bas n’abandonne à l’échelon supérieur que ce qui est strictement nécessaire, et a contrario la compétence de la collectivité supérieure s’étend aux fonctions qu’elle peut remplir de manière plus efficace que les communautés de base. Il s’agit donc d’un principe de répartition mobile des compétences. Rien n’y serait préfixé. C’est le principe d’efficacité qui, à un moment donné, entraîne telle ligne de répartition. » [14]
2- Bien Commun, signal lancé par BlackRock en appellant les entreprises américaines à agir pour le bien commun Cf Local et Fonds d’Investissement, Gestion d’Actifs.
3- C’est en rêvant que se construit l’Europe : « Plus qu’économique ou politique, c’est une panne philosophique… Urgent de tout remettre à plat, de tenter de réélaborer en profondeur l’idée même de l’Europe. » [15]
Quels enseignements
1- L’Ubérisation n’est pas la disparition ou le délitement, mais un processus rampant, violent se substituant à ce qui semble indéboulonnable. Une nouvelle forme de subsidiarité pouvant dès lors se définir comme :
- « La communauté de proximité la plus adaptée n’abandonne à une communauté plus lointaine que ce qui est strictement nécessaire, et a contrario la compétence de la communauté la plus lointaine s’étend aux fonctions qu’elle peut remplir de manière plus adaptée que la communauté de proximité. »
2- Le Citoyen revient au Coeur des fonctions collectives. Après les lieux physiques ou numériques de type Agora… voici de nouvelles modalités :
- Plateforme de crowdtiming coordonne l’action collective des citoyens : « démarche horizontale plutôt que « top-down » ou « bottom-up ». Trois facteurs clés : actions concrètes, actions ponctuelles et force du collectif » » - Accès à FullMobs - Cf Change.org - Crowdfunding participatif - C’est quoi la CivicTech.
3 La gestion des Biens Communs, les incitations / initiatives de la Chose Publique, le traitement équitable envers les territoires, la place du Droit (« autre légitimité, celle des droits de la nature ») avec les devoirs et obligations des individus, des acteurs publics, associatifs, privés… doivent trouver leurs modalités de décisions au sein des diverses communautés et selon les principes d’autonomie et de responsabilité de chacune. Le tout en exploitant avec discernement, dans un contexte d’égalité et de couverture numérique universelle, la digitalisation des services, produits ; et aussi l’intelligence artificielle, ou le télétravail, coworking et autres modalités émergentes de relations au travail du type Pratiques Coopératives, Collaboratives, Partages.
- Dans cet esprit, il faut agir sans présupposés technocratiques, idéologiques ou technologiques, mais au contraire avec un esprit ouvert, curieux à l’instar des Découvreurs de Terres Inconnues en « compagnons ayant la fraîcheur des émotions sincères, des émerveillements qu’amplifiait le superlatif convenant aux mondes nouveaux » [6].
Conséquences probables
1- Etat [16] : Faut-il moderniser une utilité, des fonctions, une organisation, des compétences… adaptées au XIX et XXe ?
- Ou identifier avec pragmatisme les besoins, modes d’actions, savoirs, acteurs… utiles à des fonctions collectives, évolutives et partagées pour notre XXIe siècle ? Ce siècle numérique acentré est bien plus instable que les précédents. Le Droit peut rester une base… mais en privilégiant les principes et non le détail… déjà dépassé à peine l’encre séché.
- Quelle pérennité pour les composantes de l’Etat : secteurs d’actions, autorité, personnels, finances ?
2- Collectivités territoriales :
- Qu’en déduire comme fonctions de subsidiarité numérique à adopter ; si l’ubérisation de l’Etat réduit ou accroît les contenus et les finances à déléguer ?
- Quels champs d’autonomie occuper à l’heure du déploiement des biens communs ?
- Quelle reconnaissance avoir à l’heure d’un citoyen colon du virtuel privilégiant les liens faibles ?
3- Banques : commencent à utiliser la technique du blockchain dans leurs propres échanges… mais ce qui fonde la fonction d’intermédiation de la banque, sa reconnaissance et son rôle dans la circulation des flux monétaires et d’une monnaie soumise à une autorité centrale est en interrogation :
- Qu’en sera-t-il de ces fonctions clés avec les chrypto-monnaies numériques décentralisés y compris les monnaies locales ? Relire le propos « un système presque imparable pour démultiplier des échanges marchands désormais informels, invisibles des autorités de régulation et des Etats » Cf note [9] et sur le blockchain [17].
En définitive, s’il faut
- Portulan-Cadran des Marées
« Inviter à rêver » pour l’Europe… « retrouver notre fierté » teinté de doute… « se préparer à ce qui n’arrivera pas » … devenir cet individu « colon du virtuel » dont la lecture est segmentée, attachée au fragment plus qu’à la totalité… vivre une « convivialité de liens faibles » … exprimer une « capacité de rébellion » … être « à l’écoute du don et faire alliance » … explorer une « lecture inventive » des formes familières et quotidiennes…
Pouvons-nous rester silencieux envers une chose publique dont le crédo est prioritairement la gestion comptable par seuil, la vision du court terme [18], une articulation entre les composantes de la société qui se fait par des distorsions excessives de l’une à l’autre ou par le mépris et la distance exprimés envers certains citoyens ?
Sans chercher d’Improbables Horizons - Trouver la bonne posture - Agir en influence ou encore sans courage de rompre avec l’immobilisme en prenant des risques [19] !
Local et Proximité demeurent dans cette instabilité récurrente, des repères fondés sur des valeurs humaines ancestrales, des liens nourris du vécu quotidien rythmés par quelques moments clés de vie collective. Ceci en communautés personnelles ou professionnelles… sur des territoires géographiques ou numériques.
A nous de trouver le rythme régulier du monde numérique à l’instar du cadran des marées si utile à la navigation.
NB : Liens de cette rubrique, en écho aux propos ci-dessus :
- Illusions des revendications territoriales ! Que Nenni. Le Local demeure la seule politique crédible et humaine.
- Le Local enjeu et horizon pour la création de valeur et la citoyenneté
- Le Local et la Proximité : Territoire géophysique ou / et Territoire numérique ?
- Le Local et la Proximité confrontés à l’Etat : droit, nature, numérique acentré
- Local, Proximité et Mondialisation : Internet change la donne
- Pour une politique locale adaptative envers les territoires géographiques et numériques
- Pour une Europe du Local
- 2018 Le Retour du Local, une Valeur Sûre
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A parcourir ce livre retraçant la construction des Portulans premières cartes marines du XIII° au XVIIe siècle [20].
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Forum
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Par Gabriel - 28/01/2018
Pas mal de souligner le sujet qui fait « débat ». Article, très enrichissant.
La séquence : Illusion de Savoir : « Le principal obstacle à la découverte de la forme de la Terre, des continents, des océans, n’a pas été l’ignorance, mais l’illusion de savoir », me semble le plus d’actualité pour nos jeunes … L’illusion de savoir généré par le Web, et sa profusion d’infos qui sont plus ou moins fiables, pertinentes ou d’actualité.
C’est plus sur le « savoir trouver » l’info que sur le « savoir » en lui-même qui est en jeu. Sur le site Wikipédia… on devrait avoir un peu plus de « savoir discerner ». Les contenus étant rédigés par des individus lambda, et non la référence qui dispense la connaissance recherchée.
Le vecteur principal de mes deux réflexions est la vitesse ! C’est la rapidité d’acquisition de l’info et par les moyens les plus rapides (pas toujours les plus fiables). Cela au détriment du sérieux et de la consistance du savoir mis à disposition…
Sinon, c’est une bonne idée que de permettre une remontée d’informations « complémentaires » à l’info initiale par les lecteurs locaux (rajout d’une précision, question pratique en regard à l’info locale du départ, etc.)
Pour lancer une première action de « débat », il faut avoir la coopération d’un élu ou du parti politique qui veut, soit s’implanter, soit conforter son implantation locale… sinon, on risque de ne rester que sur bla-bla, potins et autres discours sans grand intérêt pour l’information locale.… Sur les 36000 communes de France, le bouche à oreille fonctionnera pour utilisation du site, comme lieu d’échanges entre locaux.
Par Victor - 04/02/2018
- L’article : “Tellement évident mais tellement perturbant"
- Avis : réponse, contribution, point de vue sur le sujet… : "J’aime ces cartes qui me donnent l’impression d’être un explorateur, peut-être même un corsaire des temps modernes ! Ces nouvelles contrées nous réservent des surprises.
- @Gabriel : autant que le problème de la pertinence de wikipedia, il me semble que l’un des biais de l’utilisation du web est la tendance à l’entre-soi, une sorte de ghettoïsation des communautés et du savoir, à tous les niveaux de la société. Certaines communautés deviennent visibles sur internet parce qu’elles veulent s’y afficher, d’autres peuvent être largement invisibles. Ces communautés virtuelles tendent à conforter des sentiments d’appartenance et à exclure l’Autre. L’un des enjeux de la puissance publique est donc bien de dynamiser un « numérique local » afin de dynamiter les « barrières virtuelles ». Il faut alors aussi accepter le débat, la contradiction et la controverse. Est-ce qu’on pourrait dire qu’un marqueur d’une « collectivité numérique » serait une collectivité qui disposerait d’un forum ouvert, animé et non modéré a priori ?"
Par Gabriel - 04/02/2018
@Victor : « « Ces communautés virtuelles tendent à conforter des sentiments d’appartenance et à exclure l’Autre. » Oui ! Mêmes pôles d’intérêt, partage de mêmes valeurs…. Mais aussi ce qui alimente peut-être ces sites web (souvent très dogmatiques…) c’est l’adhésion à un « gourou », … là on fait partie de… ; ou le simple sentiment d’exister puisque on a pu s’exprimer sur le Web et que l’on peut être lu par autrui… A mon avis, se positionnant résolument sur le « Local », l’intérêt de ce site est de pouvoir offrir l’opportunité au citoyen « communal » de se faire l’acteur de la vie local et/ou de se faire l’interlocuteur direct de la Commune et de ses élites . »
Par André Brouchet- 29/01/2018
Effectivement bien intéressant et bien argumenté ! La citation d’Edgar Pisani est forte et résume pour moi la problématique. Tant que l’exemple n’est donné qu’au travers des medias et de la starification des peoples on n’avance pas beaucoup !
J’envoie le texte à un responsable local de centre social. On verra s’il prend le temps de te lire, et d’en tirer des conclusions quant à sa pratique locale…
Par Arthur - 3/02/2018
Article très complet et tout est dit … mais les interlocuteurs visés peuvent-ils l’entendre ? L’Etat semble dans les plans de départs, les grandes métropoles tentent de s’imposer aux côtés des régions. Les villes moyennes ont du mal à résister…
Le numérique suscite méfiance et incompréhension (« labs », « hackathon »… donnant l’impression que des choses se font.)
Oui, il faut arriver à influencer le local. Qu’attendrait-on d’un territoire dynamique ? Qu’est-ce qui marquerait un véritable changement d’approche ? Sur quoi les acteurs locaux peuvent-ils oser un challenge ?Par Gabriel - 04/02/2018
@Arthur : « « Qu’attendrait-on d’un territoire dynamique ? »…« Sur quoi les acteurs locaux peuvent-ils oser un challenge ? »… ce que je disais sur l’opportunité au citoyen « communal » de devenir un réel citoyen acteur. Fini les sempiternelles « râleries » concernant, tels travaux ou telles nuisances issues des décisions « unilatérales » de la Commune. Quand je dis décisions unilatérales, j’évoque les situations rencontrées, parfois, de blocage de l’opposition au conseil municipal, ou au « consensus » de celui-ci car trop majoritaire… Le citoyen peut oser le challenge de proposer d’autres pistes que celles « traditionnelles » et rarement évoquées en conseil municipal et offrir ainsi des opportunités de solutions inexploitées, et sortir du « consensus de la pensée unique bienséante »… mais qui n’est pas « universellement commune »… Serais-je provocateur ? Je suis heureux d’avoir trouvé ce site ou Forum qui se centre sur le local. Le présent article me semble une très belle réalisation, et qui nous offre, un superbe outil, que les Communes et autres organisations locales pourraient offrir à leurs citoyens communaux. »
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