Déclaration de Sherbrooke

Informations pour votre compte
Authentification
Visiteurs : 16272 (5 par jour)
Fiche Ressources DLD N°920-1780

Déclaration de Sherbrooke

Descriptif

A la mondialisation néo-libérale,

nous opposons la mondialisation de nos solidarités.

Notre monde

Nous vivons dans un monde où l’appauvrissement s’accroît dans toutes les sociétés, même les plus riches ; un monde où triomphent les inégalités entre les hommes et les femmes, entre les pays du Nord et ceux du Sud, entre les jeunes et les plus âgés, entre les villes et les campagnes, un monde qui consomme le lien entre les humains et la nature.

Nous vivons dans un monde dominé par un système unique, le capitalisme néo-libéral, axé sur la seule compétitivité guerrière et conduit par la seule religion du « tout au marché ».

Nous vivons dans un monde où les institutions internationales, loin de prendre soin de l’humanité, concoctent des projets tels que l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI), qui visent à protéger les « droits » des investisseurs contre les droits des peuples et la souveraineté des États, et permettent aux marchés d’imposer partout des reculs majeurs dans les programmes d’éducation, de santé, de sécurité du revenu, etc. Au moment de célébrer le 50e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, nous constatons que trop souvent encore les droits humains sont bafoués, niés ou marchandisés.

Mais nous vivons aussi dans un monde où de partout surgissent des initiatives, des projets, des mouvements de citoyens et de citoyennes déterminés à changer le visage de la planète, en conciliant ouverture sur le monde et satisfaction locale des besoins. Nous, acteurs et actrices du développement local, en faisons partie. Nous voulons aujourd’hui communiquer nos convictions communes, nos stratégies collectives et nos engagements solidaires.

Nos défis communs

Nous appartenons à des organisations diverses, organismes de développement en milieu rural ou urbain, groupes voués à la création d’emplois et à la lutte contre l’exclusion, organisations de femmes ou de jeunes, groupes voués à l’éducation à la paix et à la construction de la démocratie participative, organismes de défense des exclus et des marginalisés, organismes de soutien au développement local, intégré et durable.

Nous nous reconnaissons dans cinq défis communs, qui sous-tendent nos actions :

  • le défi de la satisfaction des besoins (pour résoudre les problèmes de pauvreté, d’accès à la santé, à l’éducation, au logement, à l’eau potable, etc.) ;
  • le défi de l’économie, de l’entrepreneurship et de l’emploi (pour permettre l’accès à un emploi décent pour toutes les personnes qui le désirent, pour contrôler la production et la répartition des richesses sur le territoire, pour développer des alternatives au plan économique, pour équilibrer objectifs économiques et objectifs sociaux) ;
  • le défi de la revitalisation des liens sociaux (pour recomposer le tissu social, développer le sentiment d’appartenance, favoriser l’insertion sociale et économique, renouer les liens entre les générations, développer les relations égalitaires entre les hommes et les femmes) ;
  • le défi de la participation, de la démocratie et de la reconnaissance (pour développer les liens entre élus, administrations publiques et populations locales, favoriser l’égale reconnaissance et la participation des femmes et des jeunes dans toutes les sphères d’intervention du développement local, faire reconnaître l’outil qu’est le développement local) ;
  • le défi de l’arrimage local-mondial (pour lutter contre le racisme, nourrir la solidarité entre les peuples, définir une stratégie globale et une vision planétaire du développement).

Notre vision du développement

Le développement local constitue une référence, une base, pour aborder autrement la mondialisation. Il s’agit, non pas de construire un modèle alternatif replié sur lui-même, mais de se réapproprier la mondialisation d’une autre manière, de lui donner un sens au travers des démarches locales.

Ce développement repose sur :

  • l’importance pour chacun et chacune de devenir auteur et acteur du développement de son territoire ;
  • une approche globale de la réalité des individus, intégrant les préoccupations de la solidarité, du développement économique, de la lutte à l’exclusion, de la préservation de l’environnement ;
  • l’articulation, à l’échelle du territoire de proximité, de l’indispensable capacité d’initiative locale et de la nécessaire cohérence des politiques nationales ;
  • la reconnaissance de la contribution spécifique des femmes, notamment de leur travail souvent invisible pour le bien-être de leurs proches et de leur communauté.

Les territoires pratiquant le développement local doivent être le lieu de la mise en pratique au quotidien de réponses aux défis que nous avons mentionnés. Le développement local contribue à l’émergence de nouvelles façons de produire et de partager les richesses, de vivifier la participation citoyenne, de faire grandir la démocratie, pour que chacun et chacune ait à la fois de quoi vivre et des raisons de vivre.

Les organisations de développement local sont des catalyseurs qui valorisent nos richesses particulières que sont la capacité d’imagination, la formulation des projets par les collectivités, la solidarité, la capacité d’entreprendre, le partenariat et la créativité.

Nos structures de représentation, qu’elles soient à l’échelle locale ou régionale, jouent un rôle-clé, d’où l’importance d’assurer leur représentativité et de là, leur reconnaissance. Pour atteindre cet objectif de représentativité, nous affirmons qu’il est essentiel que les différents types d’échanges (intra et interrégionaux, voire internationaux) associent les élus, les acteurs et actrices du développement local et les citoyens et citoyennes. De la même façon, nous insistons pour que soient reconnues les organisations non gouvernementales (ONG) et toutes les institutions de la société civile.

Nos demandes

Nous, acteurs et actrices de développement local, revendiquons :

  • la mise en place, au niveau international, d’un contrat social visant la satisfaction des besoins humains fondamentaux, et à la définition duquel seraient associés les mouvements sociaux et les citoyens et citoyennes. Un tel contrat social devrait inclure des éléments de solutions aux grands défis que nous avons identifiés ;
  • la reconnaissance, par nos gouvernements respectifs, de la nécessité du développement local. Nous leur demandons de considérer les acteurs locaux comme des partenaires à part entière et d’adopter des orientations et des politiques sociales, financières et fiscales favorisant le développement local, tout en assurant l’équité entre les différentes collectivités.

Nos engagements

Nous nous engageons :

  • à promouvoir, favoriser et accentuer le développement local dans sa dimension universelle, pour relever ensemble des défis communs à l’échelle internationale par un fonctionnement en réseaux fondé sur la solidarité et le partage de valeurs communes ;
  • à intervenir auprès de nos gouvernements respectifs afin qu’ils fassent le choix du développement local en établissant de nouvelles politiques sociales et économiques ;
  • à interpeller d’autres partenaires, y compris les entreprises publiques et privées, afin qu’ils accentuent leur participation à cette démarche de développement ;
  • à exiger de nos gouvernements un nouveau contrat social, à l’échelle de laplanète, qui donne préséance aux besoins des individus et des collectivités ;
  • à exiger de nos gouvernements qu’ils se retirent des négociations sur l’AMI, et de façon plus générale, de la négociation de tout accord donnant préséance au marché, au détriment de la souveraineté des États ;
  • à mettre en place, d’ici le 31 décembre 2000, un réseau mondial des acteurs et actrices du développement local pour favoriser le dialogue permanent entre les acteurs et actrices du développement local et leurs partenaires et soutenir le réseautage d’expériences de développement local à tous les niveaux.

C’est ainsi que nous concluons les Rencontres mondiales du développement local, avec la conviction qu’un mouvement est en marche, que nous venons de créer les liens nécessaires pour que notre action locale prenne tout son sens dans la construction planétaire. A la mondialisation néo-libérale, nous opposons la mondialisation de nos solidarités.

24 Octobre 1998


Spécificités

  • Sujet principal :
  • Mots à mémoriser :
  • Interlocuteurs associés :
  • Contexte d’usage :
  • Type de support(s) :
  • Localisation mentionnée :

Références ou Coordonnées

Votre Nom : Sources : IFDÉC, UNADEL. Déclaration de Sherbrooke, 1998, 10 p.


par Redaction Wirkers le 24 octobre 1998
modifie le 18 août 2010
Suite à donner