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On comprendra la pertinence de présenter cet ouvrage portant sur la ruralité territorialisée en prenant en compte la remarque du président de l’Association pour le Développement pour la Formation des Projets, Acteurs et Territoires (ADEFPAT) : « Parler de la formation-développement, c’est s’adresser d’abord aux territoires ruraux et de montagne en reconnaissant la spécificité d’un milieu qui peut entrer en concurrence avec les zones plus favorisées parce que plus peuplées, plus accessibles et mieux équipées. » Il s’agit de contribuer au développement de territoires en difficulté avec des approches différentes de celles mises en œuvre dans les espaces urbains ou industrialisés. C’est ce à quoi s’adonnent l’ADEFPAT et l’Association de DÉveloppement des Pyrénées par la Formation (ADEPFO) depuis plus de vingt ans. Cet ouvrage, qui se veut en fait un guide pour l’action, présente la pratique, assortie de nombreux exemples, de l’action conduite par ces deux associations avec le soutien de Bruxelles, de l’État (Français) du Conseil régional de Midi-Pyrénés et de l’ensemble des collectivités rurales concernées. En milieu rural plus particulièrement, la réussite d’un projet individuel, tel que signalé, dépend fortement de la capacité de son porteur à coopérer avec les acteurs de son environnement immédiat. Il en va de même pour un projet collectif dont les chances de réussite sont tributaires de la qualité du lien de coopération entre les agents susceptibles d’avoir un rôle à jouer. Les dispositifs mis en œuvre par la formation-développment abordent les projets proposés par leurs porteurs comme de véritables situations d’apprentissage. Les formateurs mettent de l’avant un processus de formation-action : non seulement des formations POUR l’action mais aussi et simultanément des formations PAR l’action.
Des exemples ? Cet ouvrage, magnifiquement présenté à l’aide de schémas clairs et précis, en fourmille. Voyons celui du porc noir de Bigorre. Les qualités de ce type de porc en font un trésor du patrimoine local. Or, pour en tirer une véritable filière économique, il a fallu convaincre les éleveurs qui se contentaient de sauvegarder la race sans plus. Une trentaine d’individus appartenant à la filière, allant des éleveurs, aux salaisonniers en passant par les charcutiers, ont accepté de s’engager dans une formation qui les a conduits là où on s’y connaît : en Italie (jambon de Parme) et en Espagne (l’incomparable Serano). Une deuxième étape a consisté à fournir une formation permettant d’affronter les exigences d’une commercialisation adaptée à ce produit on ne peut plus haut de gamme. Les formateurs ont contribué à faciliter l’acquisition d’une « culture du jambon » comme ailleurs on a une « culture du vin ». Les auteurs de ce captivant volume évoquent la notion d’éligibilité territoriale à la formation enrichie d’une réflexion sur le développement économique. Ils font prendre en compte le fait que dans les zones rurales dévitalisées, où l’on a perdu ses illusions envers un éventuel apport de l’extérieur, le porteur de projet s’avère la seule ressource sur laquelle il est possible de miser en matière de développement économique. La formation-développment doit se faire au rythme du territoire en fonction des compétences mobilisables et de la motivation du milieu.
En reconnaissant que la gestion d’un projet de territoire est complexe, les auteurs identifient les parties prenantes appelées à se joindre les coudes. Ce sont les élus locaux, les administrations, les entreprises et les associations. Avec les élus locaux, on comprendra la pertinence de mentionner les risques de parodie démocratique, de confiscation du pouvoir, de surenchère politique irresponsable, du blocage dû aux dérives claniques. Oui, on ne peut qu’être d’accord avec le constat que le développement local « coopératif » n’est pas un long fleuve tranquille. Un pilotage s’impose. Ici on parle de pilotage tactique assuré par un leader charismatique et expérimenté et de pilotage stratégique entre les mains d’un groupe disposant de valeurs, savoirs et pouvoir. Ainsi, avec des hommes et des femmes qui s’engagent pour leur territoire, on en arrive à développer une culture de projets.
Comme on le voit, c’est bien d’une démarche participative dont il est abondamment question ici car il s’agit de définir une politique de développement sur la base d’un diagnostic partagé avec les acteurs du territoire eux-mêmes. En parcourant ce guide sans sauter une seule page étant donné son intérêt et sa pertinence, on a envie de dire : merci.
André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières