Le temps des Syals : techniques, vivres et territoires sous la direction de José Muchnik et Christine de Sainte Marie

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Fiche Ressources DLD N°920-1809

Le temps des Syals : techniques, vivres et territoires sous la direction de José Muchnik et Christine de Sainte Marie

Descriptif

On le sait, il est bien court le temps des cerises, celui des SYAL durera plus longtemps sans, cependant, que gai rossignol et merle moqueur soient en fête nécessairement. Que mangent les systèmes agroalimentaires localisés (SYAL) en hiver ? Il s’agit d’organisations de production et de services (exploitations agricoles, entreprises agroalimentaires, restaurants, commerces) associées de par leurs caractéristiques et leur fonctionnement à un territoire spécifique. C’est ainsi que, déjà, en 1996, José Muchnik, directeur de recherche à l’INRA et actuellement coordonnateur du European Reserach Group, définissait ces systèmes qui se veulent une réponse au déferlement de la mondialisation tout en explorant des avenues nouvelles dans le sens du développement durable. Sa collègue Christine de Sainte-Marie, ingénieure de recherche à l’INRA, elle est fondatrice d’un SYAL. Le tout sera clarifié par pas moins de trente auteurs bien comptés. S’infiltrent parmi eux, des Argentins, des Brésiliens, des Mexicains et des Suisses qui, bien entendu, apportent des études de cas reliées à leurs pays respectifs.

Cet aréopage cosmopolite s’est donné pour tâche de répondre à un nombre varié de questions en se positionnant autour de quatre angles complémentaires :

  • 1- Les déterminants des pratiques et des activités : que font les acteurs ? Pourraient-ils faire autrement ? À quelles ressources font-ils appel ?
  • 2- Les modalités de l’action collective : les acteurs agissent-ils de façon coordonnée ? Sur quelle base repose la concertation ? Quelles sont les causes des conflits (inévitables) ? Comment amener les acteurs à se concerter advenant une absence d’initiative en ce sens ?
  • 3- L’innovation (technique, organisationnelle, institutionnelle) : Comment prennent naissance les innovations Qui en est à l’origine ? À quelles formes d’apprentissages elles sont associées ? Comment favoriser leur émergence et leur évaluation ?
  • 4- L’évaluation des conséquences (économiques, sociales, environnementales, territoriales) des activités et des apprentissages qui en découlent : comment évaluer les conséquences des pratiques en présence ? Comment favoriser les apprentissages ? Les réponses à apporter à une gamme aussi vaste d’interrogations, on le devinera, font appel autant aux sciences agronomiques qu’humaines et sociales.

Parmi les nombreux exemples que recèle l’ouvrage, je ne peux m’empêcher de signaler un cas dont j’ai été témoin il y a une dizaine d’années lors d’un voyage d’étude qui m’avait conduit à Albertville, en Savoie : l’exemple du Beaufort et des Alpes du Nord. Qui connaissait il y a trente ans, le Beaufort l’un des meilleurs fromages à pâte cuite que l’on doit à deux vaches enclochées répondant aux jolis noms Abondance et Endurance ? Personne en-dehors de ce qu’il a été convenu d’appeler au milieu des années 1980 le pays du « Beaufortin ». Oui, c’est la mise en valeur de ce produit du terroir tout à fait méconnu qui a donné son nom à cette micro-région. Et ce, comme on me l’a bien expliqué, grâce au travail infatigable d’un acteur, soit ce genre de leader à qui le développement local doit son existence. Une réalité qui n’a pas échappé à l’auteur qui écrit que le dynamisme d’un « pays » repose en particulier sur certains leaders d’opinion et d’action susceptibles de catalyser les germes du développement local.

Dans un chapitre subséquent, un certain Rémi Bouche ne met pas l’eau à la bouche des végétariens en présentant un schéma intitulé : « Organisation de la découpe et objet du cours de l’action ». Le tout commence avec l’arrivée de l’animal vif et se termine par l’emballage des morceaux de viande… En ce qui a trait à l’ancrage territorial, il en est question dans un 14è chapitre qui réfère aux réseaux, aux objets et à l’éthique. Avec l’essor du Vitis vinifera au fin sud du Brésil, les auteurs en profitent pour évoquer la gouvernance territoriale en se référant, à notre incontournable ami B. Pecqueur, comme tous et chacun le fait lorsqu’il et question d’une gouvernance mixte mettant en présence les secteurs public et privé et différents groupes d’acteurs agissant ensemble en vue de la promotion du développement local.

La conclusion, en deux points, de ce chapitre vaut pour l’ensemble du volume.

  • D’abord on fait remarquer que la réussite d’un projet dépend de la capacité des acteurs à s’entendre afin de le défendre.
  • Le second enseignement qui se dégage se rapporte au fait qu’il n’y a pas de bonnes politiques publiques sans organisations locales fortes susceptibles de mobiliser les forces en présence afin de participer à leur conception.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières


Références ou Coordonnées

José Muchnik et Christine de Sainte Marie, sous la direction de, Le temps des Syal : techniques, vivres et territoires,Versailles, Éditions Quae, 2010, 314 p.


par André Joyal le 26 août 2010
modifie le 26 août 2010
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