Villes et régions européennes en décroissance

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Fiche Ressources DLD N°920-2039

Villes et régions européennes en décroissance

Descriptif

Voilà un ouvrage collectif différent de ce à quoi on est habitué. Pas moins de vingt-quatre collaborateurs de huit pays différents (majoritairement français) y ont contribué. Or, même si certains chapitres font appel parfois jusqu’à cinq ou six auteurs, on y trouve une fort étonnante continuité. D’une présentation impeccable, en couverture solide, autant en ce qui concerne la forme que le fond, les nombreux graphiques et tableaux, parfois en couleur, ne sont pas sans rappeler la revue Territoires 2030 que publiait la DATAR encore il y a peu.

En effet, les territoires constituent le fil directeur de l’ouvrage dont l’un des apports majeurs, tel qu’indiqué, réside dans la tentative d’appréhender simultanément la dynamique des systèmes des villes et des maillages administratifs face à la décroissance démographique. On pose la question suivante : la cohésion territoriale serait-elle une solution à la décroissance démographique ? En tentant d’apporter une réponse à cette interrogation, l’ouvrage ambitionne de montrer que la volonté de satisfaire les besoins courants des citoyens nécessite le recours à une approche territoriale.

Les auteurs ont recours à la notion de shrinking region qui a fait son apparition au début des années 2000 et se trouve liée à la généralisation du phénomène de dépopulation de régions entières particulièrement observé dans les anciens pays socialiste et dans les pays méditerranéens. Pour son étude à l’ouest, il a été fait appel au vocable NUTS 2 qui - réjouissons-nous - est un acronyme bien français : nomenclature d’unités territoriales statistiques. Le fait régional est ainsi représenté pour les 27 pays de l’Union Européenne dans un tableau particulièrement complexe. Dans les pages qui suivent, on ne manque pas de signaler le problème que pose l’intégration à marche forcée des pays d’Europe centrale au sein de l’Union européenne.

On se demande si le processus conduira à un plus forte cohésion ou à une plus grande fragilisation des régions concernées. La fin de ce chapitre (-5-), qui coïncide avec le milieu de l’ouvrage comprend 16 pages de graphiques, figures et photos couleurs visant à illustrer au mieux les phénomènes abordés. La suite de l’ouvrage traite de cinq régions particulières : la Bretagne, l’Upper Norrland (Suède), la Moldavie, le Basilicate (sud de la botte italienne) et la Saxe. Une figure intitulée « Typologie des shrinking régions (2005-2030) » montre de façon fort pédagogique leur taux de croissance ou de décroissance démographique tel que prévu.

La conclusion du chapitre subséquent souligne la tendance générale à la féminisation des migrations de certains marchés du travail. Si le phénomène soulève guère de débat ce serait dû à une certaine invisibilité des femmes migrantes dans la sphère publique. Or, contrairement aux idées reçues, en relation avec les flux migratoires venant de l’est, la domestique moldave enlève la vedette au plombier polonais rendu « célèbre » il y a quelques années.

À la faveur d’une comparaison entre Saint-Étienne et Glasgow, on cite le géographe Claude Crétin parle d’expansion et d’extension en forgeant le constat : Saint-Étienne n’est plus dans Saint-Étienne. Il est ici question de marketing urbain. Alors que le développement du design tend à donner à Saint-Étienne une image nouvelle, du côté de la ville écossaise, on a recours à des slogans tels : Glasgow the friendly city, City of Architecture, Glasgow : Scotland with style. On cherche à remédier à la situation que l’on désigne en Amérique du Nord par l’expression doughnut en se référant à la fuite des populations aisées hors des limites territoriales de la ville. Les auteurs voient dans Glasgow une ville duale et ils se demandent si Saint-Étienne inéluctablement n’est pas appelée à suivre la même voie.

En conclusion de l’ouvrage, les auteurs prennent position contre le paradigme dominant de la croissance à tout prix. On souhaite y substituer un paradigme différent où, comme il est écrit : la croissance n’est plus la quête du Graal. À la place on préfère mettre de l’avant une gestion affirmée de la décroissance. On parle ici de shrinking smart (décroître intelligemment), un concept que devrait avoir en tête autant l’élu local, que l’urbaniste et l’aménageur en sachant que : planifier c’est avant tout s’adapter.

Un livre que les doctorants en sociogéodémograhie auront intérêt de lire d’un couvercle à l’autre. Les autres auront l’embarras du choix.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières


Spécificités

Références ou Coordonnées

Myriam Baron, Emmanuelle Cunnigham-Sabot, Claude Grasland, Dominique Rivière, Gilles Van Hamme, sous la dir. de, Villes et régions européennes en décroissance , Lavoisier, Paris, 2010 345 p.

Lien proposé : Site dédié à l’ouvrage

par André Joyal le 22 mars 2011
modifie le 22 mars 2011
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