Zanzibar : histoires pour après-demain - Jacques De Courson

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Zanzibar : histoires pour après-demain - Jacques De Courson

Descriptif

Pourquoi Zanzibar ? Le nom de cet archipel en face des côtes de la Tanzanie, dont les deux « z » évoquent l’exotisme, justifie-t-il le choix du titre du dernier ouvrage de Jacques de Courson ? Déjà auteur d’une dizaine d’ouvrages se rapportant aux villes et à la prospective, ce grand voyageur, avec lequel je partage la passion du Brésil, nous invite à le suivre à travers plus de cinquante villes réparties entre quatre continents. Des villes qu’il a visitées physiquement ou en imagination et à propos desquelles il formule commentaires et anecdotes tout en visionnant parfois leur futur que pourront vérifier ses petits-enfants comme le veut le sous-titre. L’économiste-urbaniste s’est donc permis de faire appel occasionnellement à la fiction sans autre prétention que littéraire comme il l’écrit dans son prologue. L’objectif consiste ici à raconter des histoires pour éviter que l’avenir des villes ne nous tombe trop vite sur la tête.

À tout seigneur tout honneur : Paris ouvre la marche avec une allusion à un article du Parisien (libéré depuis longtemps) du 15 juillet 2089 rendant hommage à la dame de fer du Champ-de-Mars. Une œuvre qui résiste au temps et aux tempêtes. L’évocation du cimetière (« Séjour des dieux) Montparnasse, ou se trouvent enterrés Sartre et de Beauvoir et autres Gainsbourg, se fait en situant le lecteur au début de la 2è décennie de ce siècle. Que les nostalgiques se rassurent, sa pérennité se voit assurée par l’UNESCO qui le consacrera « site funéraire exceptionnel ».

Vient ensuite la Grande Pomme que l’auteur décrit sur la base, comme pour beaucoup d’autres villes, d’une expérience personnelle ici facilitée par un voyage en bus venant de Montréal. C’est la fête du travail…pardon ! le Labour Day, premier lundi de septembre en Amérique du Nord pour se distancier d’un 1er mai jugé trop à gauche par l’establishment. Notre auteur décrit le Washington Square en aimant y voir l’hôtel où Simenon a écrit un de ses romans. De Montréal, de Courson aime évoquer l’effet du soleil sur les tours ce qu’il ose désigner comme étant le District Business Center ignorant de toute évidence que, depuis 1974, le français est la seule langue officielle de ce qui reste de l’ex-Nouvelle-France à savoir le Québec dont l’ancienne Ville-Marie est devenue la métropole après s’être faite damée le pion par Toronto en tant que plus grande ville du Canada. C’est en déambulant sur une grande artère qu’il pense que Montréal, à l’instar de toute ville, n’a pas toujours existé. On s’en doutait. Qu’elle est, elle aussi, le fruit d’une rencontre, en un territoire délimité et en un temps donné de trois choses : de la terre, des hommes et du travail en un lieu choisi par le prince, un marin ou une ligne de commerçant. Ce choix pour Montréal ce fut celui du Sieur de Maisonneuve, au nom du Roy.

Chicoutimi, à deux heures de route au nord de Québec, capitale du pays de Maria Chapdelaine où de Courson a foulé le sol en 2000, se rendra dix ans plus tard « célèbre » par son maire qui s’obstine à faire réciter la prière (catholique) à son conseil au début de chaque séance. C’est en l’an 2020 que le lecteur se voit transporté en étant invité à apprécier son climat agréable rendu possible par les changements climatiques. Que l’on est loin de celui qui a fait perdre à la douce et chaste Maria son amoureux, victime du blizzard. Une cabane en bois rappelle celle que chantait Line Renaud avec pour différence qu’elle se veut sobre en énergie et se monte en une journée. On l’imagine exportée en Limousin profond.

Toute ville est une petite république, jalouse et fière de son identité. Mais malheur à celui qui oserait concevoir une ville éternelle sachant ce qu’il est advenu de Babylone lit-on en épilogue. En effet, au contraire, peut-on lire, il faut rendre hommage à toutes les Jérusalem, Paris, Versailles, Washington et Saint-Pétersbourg de ce monde. En conclusion, l’auteur rappelle à son lecteur qu’il a cherché à lui apprendre à penser autrement son futur sur la base de celui des villes faites de terre, d’eau, de pierres, de tôles, de poussières et de quelques arbres noueux au bord des rues. Concernant ces derniers, de Courson semble ne pas avoir remarqué ceux, très nombreux, qui bordent chaque côté des rues des quartiers populaires et cossus de Montréal contrairement aux villes européennes dont tout le charme n’est que pierres. Pour après-demain : il suffirait d’en planter.

André Joyal Université du Québec à Trois-Rivières


Références ou Coordonnées

De Courson, Jacques, Zanzibar : histoires pour après-demain, Paris, L’Harmattan, 2011, 230 p.


par André Joyal le 3 avril 2013
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